Acteur des refuges #1 : Francenergies

Travaux Pointe Percée FFCAM

Sébastien Dupraz est chargé d'affaires chez Francenergies, qui participe aux travaux du refuge de la Pointe Percée-Gramusset. Il nous raconte les enjeux de de chantier d'altitude…

Créée en 2008, intégrée au groupe Evergreen depuis 2013, Francenergies compte quarante salariés, répartis entre le siège social de Chambéry et une antenne à Besançon. L’entreprise est spécialisée dans la mise en œuvre de systèmes énergétiques auprès des professionnels et des particuliers. Que ce soit des grosses rénovations ou des constructions neuves, elle intervient sur la rénovation énergétique (chaudières biomasses, pompes à chaleur, solaire, thermique et photovoltaïque), ainsi que sur les travaux connexes (chauffage, ventilation, climatisation, plomberie, sanitaires et électricité). "Nous sommes situés à Chambéry, au pied des vallées alpines, explique Sébastien Dupraz. Cette position centrale nous permet de couvrir le sillon alpin, du pays de Gex vers la Suisse, jusqu’au sud de l’Isère et à l’est lyonnais. Historiquement, nous comptons beaucoup de références en altitude, dans les stations de montagne, et c’est une des raisons pour laquelle nous avons répondu à l’appel d’offres du refuge de la Pointe Percée : ce projet concentrait tous nos secteurs d’activités, toutes nos compétences…" 

Sur le chantier de rénovation du refuge de la Pointe Percée Gramusset, qui a débuté au printemps 2020 et devrait s’achever à l’automne 2022, Francenergies met en place une centrale photovoltaïque connectée à des batteries (couplées à un groupe électrogène de secours). L’entreprise installe également des capteurs solaires thermiques participant au chauffage et à la production d’eau chaude sanitaire, ainsi qu’une chaudière à granulés destinée chauffage du refuge. "Nous assurons également le traitement d’air, la ventilation, la plomberie-sanitaires, ainsi que l’électricité… Cela recoupe vraiment l’ensemble des compétences de Francenergies !"

Si Francenergies est habituée à travailler sur bâtiments accessibles par piste, pour des fourgons, la Pointe Percée - situé à 2164 mètres d'altitude, sur la commune du Grand-Bornand - est le premier chantier isolé pour l’entreprise, où tous les matériaux doivent transiter par héliportages. Cette particularité impose un certain nombre de contraintes, sur les plans logistique, financier et humain. "Cela demande beaucoup plus de rigueur et d’anticipation, explique Sébastien Dupraz. Il faut davantage anticiper les commandes vers les fournisseurs, pour que les équipements soient livrés le jour de l’héliportage… S’il manque un élément, nous devrons attendre une semaine entière la rotation suivante, pour en disposer. Nous devons vraiment anticiper tous les besoins, sans les surestimer, les charges à chaque rotation étant optimisées, et ces rotations sont assez limitées…" Les héliportages génèrent en effet des coûts importants, signalés dans le document de consultation des entreprises, où est exposé leur impact en termes de coût et de logistique pour les entreprises. "Les livraisons de nos fournisseurs sont à reconditionner pour l’héliportage, rappelle Sébastien Dupraz, afin qu’il puisse acheminer l’ensemble du matériel à destination…"

Autre défi : l’humain. Trois salariés de Francenergies sont à la semaine sur le site durant la période de travaux. Travailler en altitude, dans un espace où les conditions d’hébergements sont parfois rudimentaires, n’est pas anodin. "Ces conditions sont assez spécifiques ; tous les techniciens n’ont pas la même motivation pour y aller… Nous avons procédé à un sondage en interne afin de connaître les volontaires pour ce chantier…" L’équipe est dirigée par un conducteur de travaux qui a déjà travaillé sur des sites isolés de montagne et apporte son expérience, son regard. 

Les spécificités de l’altitude, de la météo (vent, amplitude thermique, etc.) obligent à innover, à adapter les techniques comme les matériaux. À la Pointe Percée, Francenergies installe des panneaux photovoltaïques utilisant une technologie "bi-verre", dotés d’une plaque de verre en face avant, et d’une autre en face arrière. "Cette technologie permet d’améliorer les caractéristiques mécaniques du panneau, de faire face aux charges de neige et de vent qui sont plus importantes en altitude. Concernant les systèmes de fixation, en altitude, nous allons chercher les pannes avec des vis à double filetage, pour s’ancrer et éviter les arrachements."

La montagne, terrain d’expérimentation et d’innovation ? "Notre objectif est de développer notre activité en milieu montagnard, de s’appuyer sur cette expérience afin de transférer ces compétences sur d’autres projets, comme les chalets isolés, les sites en haute montagne… Nous sommes attachés à exécuter ce chantier avec le plus grand soin et, par la suite, nous espérons continuer à collaborer avec la FFCAM sur d’autres projets de leur programme de rénovation. La Pointe Percée nous tient à cœur car cela touche l’ensemble de notre métier…" 

Le planning est précis, chargé. Cette année, en interaction avec la maçonnerie, Francenergies met en œuvre les réseaux, notamment en dalles. En 2021, le gros du travail se portera sur les équipements tels les chaudières à granulés. L'année 2022 sera consacrée à la démolition de l'extension et la réhabilitation du refuge historique. "Nous ne pouvons intervenir que du printemps à l’automne ; il faut apprendre à gérer ces contraintes. Nous nous adaptons. C’est un défi permanent…"