Communiqué officiel : rapport de l'IGEDD sur l'avenir de la voie normale du Mont Blanc
Nous avons lu avec attention le rapport de l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable sur l'Avenir de la voie, dite normale, d'accès au mont Blanc, site classé du Mont-Blanc (Haute-Savoie) dont nous attendions la publication.
La FFCAM a porté avec la commune de Chamonix et le SNGM (Syndicat national des guides de haute montagne) l'inscription de l'alpinisme au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO. Elle est très attachée à faire vivre cette pratique en particulier dans le massif du Mont-Blanc. Nous partageons l'intérêt de son classement et l'impact positif qu'a eu la règlementation APHN (Arrêté de protection des habitats naturels de 2021, faisant suite à l'arrêté préfectoral de 2019), que nous avons également soutenue, sur la fréquentation de la voie d'accès au Mont-Blanc.
Le rapport salue, et nous nous en félicitons, le formidable travail des équipes gestionnaire du refuge du Goûter, à la fois celui des équipes de gardiennage coordonnées par Antoine Rattin et celui des équipes fédérales (bénévoles et salariés).






La FFCAM partage et soutient de nombreuses préconisations du rapport, comme :
- La suppression du camp de base programmée cet automne mais en attente des autorisations de la commune de Saint Gervais.
- L'agrandissement du refuge de Tête Rousse afin d'harmoniser sa capacité d'accueil avec celle du refuge du Gouter. Ce projet va nécessiter des études techniques complexes (structure, eau, assainissement…) et des moyens financiers importants.
- Le démontage de l'ancien refuge du Gouter géré par la commune de Saint-Gervais.
Concernant le refuge d'hiver (« l'annexe »), qui joue également le rôle de volume recueil en cas d'évacuation du refuge du Gouter en été, nous sommes à la disposition des services de l'Etat et des services de secours s'il était besoin de réviser les préconisations établies en 2013. Nous pensons néanmoins qu'il serait inopportun sur le plan environnemental et économique de démolir un bâtiment en bon état qui remplit son rôle pendant 8 mois de non-gardiennage. Il est d'ailleurs peu réaliste au regard des volumes disponibles et techniquement très difficilement concevable d'aménager un volume recueil à l'intérieur du refuge du Goûter. Construire un nouveau bâtiment plus proche est une idée, mais qui est aussi très complexe et nécessiterait des études approfondies, des démarches administratives en site classé et un financement conséquent. Son accès hivernal serait de surcroît plus exposé aux risques avalancheux.
Concernant les installations techniques du refuge du Gouter nous avons pleinement conscience, depuis 2017, des dysfonctionnements constatés. Les installations d'une complexité rare, basées sur des choix technologiques d'avant-garde validés par l'ensemble des acteurs, FFCAM, commune de Saint-Gervais, services préfectoraux, Ministère, n'ont pas toujours tenu leurs promesses et se sont heurtées aux problématiques de fréquentation et d'évolutions climatiques. Depuis lors, la FFCAM a mis en œuvre une méthode de travail pour mettre en place dans un ordre précis des solutions durables (mobilisant des financements importants) tout en préservant le fonctionnement du refuge :
- Avec la règlementation APHN, le système de réservation a été entièrement revu et satisfait aujourd'hui aux exigences des alpinistes et des professionnels, même si le nombre de places ne permettra jamais de répondre à toutes les demandes.
- Le fondoir à neige, victime d'un défaut de conception lors de la construction a été reconstruit et remis en état de fonctionnement après une longue négociation avec les assurances.
- Nous travaillons à présent à la reprise du système d'assainissement (2025-2026), en ayant à l'esprit qu'aucun système n'est capable de faire disparaître entièrement des matières fécales...






A plus long terme, nous sommes conscients de la nécessité de poursuivre notre réflexion de fond, avec l'ensemble des acteurs du Mont Blanc, sur l'ascension du Mont Blanc sur un parcours d'alpinisme engagé et le rôle d'un refuge à 3800 mètres d'altitude en site isolé et classé.
Avancer sans un schéma directeur incluant une évaluation globale des conséquences techniques économiques sur telle ou telle évolution serait hasardeux, peu responsable, et mettrait en péril l'activité des professionnels de la montagne sur cet itinéraire.
Rappelons enfin qu'un refuge est avant tout un lieu d'abri, de pratique, de sensibilisation, avec des contraintes énormes, qui permet certes de réaliser un sommet, mais qui apporte aussi une expérience hors du commun, différente de ce que l'on peut vivre en vallée ou bord de route. Cette expérience rend possible la vie en collectivité, la rencontre de l'autre, l'engagement, le dépassement. Elle procure émotions et émerveillement.