Coralia Nallamoutou : "La montagne est avant tout une aventure humaine…"

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Elle a 37 ans, une énergie communicative, et préside le Club alpin du Mans, qui organise les 21 et 22 janvier la 150ème Assemblée générale de la FFCAM, au sein du Palais des Congrès et de la Culture du Mans.

Quel chemin mène de la banlieue parisienne à la présidence du Club alpin du Mans ? Coralia a grandi dans le Val-d'Oise. Elle découvre le Mans lorsqu'elle vient y suivre un Master en économie sociale et solidaire, qui doit lui permettre travailler dans le monde associatif. Elle a le coup de foudre pour la ville, y fait "une rencontre", et décide de s'y installer. Un jour de 2013, elle pousse la porte du Club alpin. "J'avais beaucoup pratiqué la danse, en classique et modern jazz ; par ailleurs, j'avais une petite expérience de l'escalade (que j'avais découverte dès la maternelle). J'étais à la recherche d'un sport davantage partagé, sans être totalement collectif. Je voulais aussi intégrer un club où le plaisir et la convivialité seraient primordiaux. Au fond, il y a un lien gestuel et chorégraphique entre la danse et l'escalade : j'ai parfois l'impression que les grimpeurs que j'admire dansent sur un mur !" 

Elle pratique l'escalade, la randonnée, la spéléologie, la raquette (elle a suivi un stage à Bramans dans les Alpes et très prochainement en Suisse, à Charmey), ou encore la spéléologie. "Je me suis lancée dans la spéléologie pour conjurer la peur du noir que je ressens depuis que je suis toute petite !" Coralia, qui affectionne particulièrement les refuges et la "culture montagne" qui y est associée, cherche en montagne le calme et le silence. Le milieu montagnard lui permet de casser le rythme souvent trop dense et rapide du quotidien. Mais cette pratique n'a de sens pour elle que si elle est vécue avec les autres : "J'aime partager ça avec un groupe. C'est une aventure humaine. Je trouve un plaisir très particulier à être en montagne, que je ne retrouve pas ailleurs". Ses sorties avec le club lui ont permis notamment d'arpenter le Valgaudemar, un de ses coins fétiches, la Bérarde, ou encore les Pyrénées ariégeoises… 

Coralia travaille aujourd'hui à la Mutualité sociale et agricole (MSA), l'organisme de protection sociale du monde agricole où elle gère les partenariats et œuvre, aux côtés des collectivités territoriales, en milieu rural, pour améliorer les politiques tournées vers la jeunesse, les séniors et les publics fragiles. Ce métier et cette sensibilité sont des atouts dans sa tâche de présidente de club. Son parcours bénévole au sein de ce dernier a été fulgurant : après avoir intégré la commission escalade, où elle a apporté son concours, elle a intégré le comité directeur, été nommée vice-présidente en 2016 et, en 2019… présidente. "L'ancien président, Jean Cornudet, m'a beaucoup poussée, soutenue, dans la mise en place de ce poste de présidente, je lui en suis très reconnaissante… Nous avons un système de parrainage, au Mans, dans lequel l'ancien président reste en tant que vice-président pour aiguiller le nouveau. Ça aide ! Notre comité directeur est très actif et apporte un réel soutien. On se voit tous les mois – c'est très prenant – et on décide tout tous ensemble… Ce fonctionnement collégial est appréciable."

Très soutenu par la municipalité, le Club alpin du Mans, qui dispose d'un local dans un pôle associatif, compte aujourd'hui 580 adhérents (et près de 80 bénévoles encadrants). Il permet la pratique de nombreuses activités : vélo, escalade, randonnée, marche nordique, spéléologie, sports de neige, ou encore alpinisme. Plusieurs sites d'escalade sont accessibles autour du Mans, comme Saulges, Sablé-sur-Sarthe, ou encore Clécy, en Normandie. Les marcheurs peuvent s'élancer sur les nombreux sentiers qui sillonnent entre les champs, via les GR. "Depuis le confinement, nous organisons des séjours ou week-end qui mêlent souvent marche et vélo."

Quelle responsabilité représente la présidence du plus grand Club alpin du Grand Ouest ? "Je viens de la banlieue, et la question de la légitimité se pose toujours. J'ai douté. Je me disais que je ne serais jamais à sa hauteur… On m'a encouragée. Je suis la première femme dans cette fonction au Mans, et pour nous c'est une fierté. Le poste de présidente est parfois un peu complexe, technique, mais mon travail auprès des collectivités m'aide en ce qui concerne la représentation politique ; je m'y sens à l'aise. Je connais le monde associatif. On est un club intergénérationnel : je travaille avec des gens de tous les âges, milieux, c'est ça qui fait notre force !" 

Impulsée à l'origine par Jean Cornudet, l'organisation de l'Assemblée générale est un gros enjeu pour le club. L'équipe organisatrice compte neuf personnes, et pas moins de soixante bénévoles seront présent sur l'événement le jour J ! "On veut démontrer la force et la spécificité de notre club : à côté des autres clubs d'escalade du Mans, qui compte une salle de bloc privée, nous voulons rappeler que notre vocation, notre plus-value, est d'emmener le public vers l'extérieur – nous ne sommes pas une "simple" école d'escalade."

La municipalité a apporté son concours pour l'Assemblée générale (notamment à travers l'apport d'éléments de communication et l'aide de l'Office du tourisme). "On a voulu faire travailler des acteurs locaux sur l'événement…" explique Coralia. Un partenariat a été conclu avec le Lycée le Mans Sud pour le sponsoring. Le Plongeoir / Pôle régional du cirque, interviendra samedi lors de la soirée de gala. Par ailleurs, une plaquette valorisant le patrimoine sarthois à travers les activités a été produite. Enfin, une image représentant le club, conçue par un designer, sera dévoilée lors de l'ouverture de cette 150ème Assemblée générale, à laquelle près de 250 personnes sont attendues. 

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