Décès de Serge Coupé

Serge Coupé était un personnage aux multiples facettes : alpiniste de haut niveau, guide de haute montagne, photographe, auteur de guides d'escalade dans le Vercors et la Chartreuse et passionné de… pêche. Homme d’engagement et de conviction, cet ancien résistant est décrit par ses proches comme un personnage plutôt solitaire, discret, modeste et exigeant. Jean-Jacques Prieur, secrétaire général du Groupe de Haute Montagne (que Serge Coupé avait intégré en 1950), décrit "un leader naturel, au travail, en montagne, où ses capacités d'analyse et son esprit d'entreprise lui faisaient prendre les bonnes décisions et firent merveilles tout au long de sa carrière. Serge était dans la maîtrise de ce qu'il faisait."

Serge Coupé fait office de pionnier et d’explorateur moderne des Alpes. Il est l'un des tout premiers à avoir ouvert de multiples voies en Chartreuse, dans le Vercors ou dans l'Oisans. Il a notamment réalisé la seconde ascension de la face nord du Râteau en 1952 et, quatre ans plus tard, a réussi dans les Écrins la première solitaire de la Mayer-Dibona au Dôme de Neige. Il a par ailleurs ouvert en 1957 le Pilier diagonal en face nord-ouest de l'Ailefroide (avec Pierre Giraud).  

Cet alpiniste au talent exceptionnel a écrit parmi les plus belles pages de l’alpinisme international. Il a notamment participé - aux côtés de noms prestigieux tels Lionel Terray, Guido Magnone, Jean Bouvier, Pierre Leroux et André Vialatte - à l’expédition française menée par Jean Franco qui a vaincu pour la première fois le Makalu (8481 m) en 1955. Lors de cette expédition, Serge Coupé été malade et a dû rattraper ses coéquipiers en partant du camp de base pour arriver au sommet... à temps.

Préférant grimper seul, fuyant les distinctions, Serge Coupé était un homme d’action mais aussi de lettres : il a publié une dizaine de livres dont Escalades dans le massif de la Chartreuse (Edisud, 1992), Les Lacs du Dauphiné de Belledonne au Queyras (Glénat, 1997), ou encore Randonnées vers les lacs de montagne (Glénat, 2002). Comme le résume Jean Michel Asselin, écrivain, spécialiste de montagne, "il a eu une vie qui rend heureux, très belle, il y a eu de la longévité dans sa passion, on l'imagine toujours accroché à son calcaire, et ce sera difficile de ne pas pouvoir lui rendre hommage en dehors des réseaux sociaux."  

Photo : "Serge Coupé au camp de base du Makalu en 1955". (Archives Serge Coupé).