Des nouvelles du GEAN au Pérou

Le Groupe excellence alpinisme national a mis le cap sur les montagnes andines pour leur projet d'expé, accompagnés de leurs coachs Stéphane Benoist et Mathieu Détrie. Partis depuis le 22 avril, Stéphane nous fait parvenir à chaud les nouvelles de leurs premières réalisations dans la Cordilière Blanche (province du Huaraz).

« Dimanche 12 mai, nous avons eu la première véritable journée de beau temps en montagne. Grâce aux prévisions de notre routeur météo Nicolas Féraud nous avons pu bien profiter de cette journée !  Six jeunes sont allés grimper deux lignes en face sud (qui sont à l'ombre dans l'hémisphère sud) de l'Ocshapalca (5888m), 600m, TD+ glace 5, neige 70° :
- ligne de gauche, Annabelle Bouchardon, Amaury Fouillade et Clovis Paulin,
- ligne de droite, Martin De Truchis, Victor Garcin, et Mathieu Détrie.
Ils ont réussi la face et le sommet secondaire (cf tracé sur les images).

Avec Manuel (Brechignac), nous sommes allés en face ouest du Cayesh (5721m), mais nous avons fait une erreur d'itinéraire et n'avons pu gravir que la face sans sortir le sommet : l'arête neigeuse finale était vertigineuse et présentait de gros champignons de neige trop difficiles. C'était une superbe voie quand même, du beau mixte avec du beau rocher dans une ambiance bien raide.
Le prochain créneau météo n'est pas avant une semaine, nous aurons le temps de nous reposer et préparer les prochains projets.
»

Quelques réactions à chaud des membres du GEAN :

Annabelle Bouchardon

Annabelle Bouchardon 

« Le terrain dans la face sud de l'Ocshapalca demande de l'adaptation à cause d'une superposition des couches : neige - glace - neige -glace. Cela rend la difficulté à se protéger beaucoup plus importante que dans les Alpes et nécessite donc aussi d'être très stratégique sur l'emplacement et le choix des relais. En terminant l'ascension par la partie la plus raide et la plus difficile de la voie, physiquement j'ai quand même bien ressenti l'altitude. Ce qui m'a aussi marqué, c'est en débouchant sur la vertigineuse arête de neige sommitale, c'est l'immensité aveuglante de ce qui nous entoure. »

 

Amaury Fouillade

Amaury Fouillade

« Dans un premier temps, j'ai été un peu déçu qu'on ne parte pas sur un objectif plus ambitieux. Puis une fois dans la face je me suis dit : « quel c… » ! En fait, c'est une super expérience, j'ai eu l'impression de trouver le full package de ce qu'on peut rencontrer au Pérou : neige, glace, altitude qu'on a déjà bien sentie, ainsi qu'une face qui demande de l'engagement. »

Clovis Paulin

Clovis Paulin

« Trop content d'être là à l'Ocshapalca ! J'ai trouvé ce que j'étais venu chercher, une prise d'expérience en terrain inconnu. »

Martin de Truchis

Martin de Truchis

 « Les longueurs de la fin sous le sommet correspondent bien à ce dont j'avais rêvé : de la glace raide en altitude. Puis déboucher avec l'équipe au même moment sur l'arête, ça a été un pur moment ! »

Victor Garcin

Victor Garcin

« La course s'est déroulée en deux parties. D'abord l'ascension, où chaque cordée a vécu sa grimpe de son côté. C'est un terrain très différent de celui qu'on rencontre dans les Alpes où on trouve plus souvent du rocher ou de la glace, alors qu'ici on est aussi confronté à de la neige dans des zones très, très raides ! Le pompon, ce sont les arêtes de neige incroyablement difficiles car remplies de champignons de neige parfois monstrueux. Pour faire quelques dizaines de mètres, il faudrait parfois une journée entière, voire ne pas arriver à passer du tout... Jusqu'en haut de nos voies respectives, nous étions deux cordées bien définies. A notre grande surprise, lorsque nous nous sommes retrouvés sur la crête sommitale, nous sommes redevenus une équipe, et à cet endroit improbable c'était un chouette moment. »

Manuel Bréchignac

Manuel Bréchignac

« Le Cayesh, c'est l'image d'une montagne particulièrement raide, exigeante, inaccessible. Toute la journée, j'étais totalement concentré sur mon objectif de sommet. Plus rien d'autre n'existe, plus rien ne compte, juste notre cordée sur la montagne. A la fin de notre ascension, debout sur l'arête sommitale, on réalise que le sommet n'est pas loin, mais pas là non plus... D'énormes champignons de neige nous barrent la route, redescendre malgré la frustration devient une évidence. »

Quelques photos de la haut :