Vénasque vers l'avenir…

Photo : Florent Roussy. Photo : Florent Roussy.

Le nouveau refuge de Vénasque (Pyrénées) a été inauguré ce samedi 24 juin…

Plus de 90 participants (officiels, entreprises, organismes de promotion, associations de pratiquants, bénévoles) étaient présents lors de cette journée, dont le représentant de la mairie de Bagnères-de-Luchon (Gilbert Torres), le président de la communauté de communes Pyrénées Haut Garonnaises (Alain Puenté), le président de Haute Garonne Tourisme, représentant également le président du Conseil départemental de Haute Garonne (Didier Cujives), la commissaire de massif des Pyrénées (Mme Delphine Mercadier-Moure). Et bien sûr les représentants officiels de la FFCAM : le co-président fédéral (Nicolas Raynaud) et le président du Club alpin de Toulouse (Bruno Serraz).

RdV a été donné à 8h à l'Hospice de France pour organiser une montée collective. Avant le départ, une série d'ouvrages a été distribuée aux invités afin qu'ils en chargent un ou deux dans leur sac afin de contribuer à la constitution de la bibliothèque du refuge. La montée de près de 900 m, d'abord tranquille, puis en lacets serrés, a pris 2h30 pour l'ensemble du groupe. Groupe ensuite accueilli en musique au refuge par la gardienne, Clara Croain et son équipe.

Après un bref temps de repos, les participants ont pu visiter le refuge en petits groupes, sous la houlette de Baptiste Grillet, de l'agence Triptyque, qui a réalisé le refuge sous commande de la FFCAM. Comme il a pu l'expliquer, l'esprit général qui a gouverné le projet était de s'inspirer des granges traditionnelles, avec leur volume d'un seul tenant et leurs deux pignons de pierre en escalier (issues de la destruction de l'ancien refuge). Ce temps a également été mis à profit, en parallèle de la visite, pour découvrir le jeu de piste de découverte de l'environnement du refuge, élaboré par Thaïs Bert, en charge de la sensibilisation environnementale à la FFCAM. Avant le temps des discours, Yoann Dumas, un saxophoniste convié par la gardienne, a pu étonner l'assistance de par ses improvisations en souffle continu, avec comme arrière-plan le miroir du lac jouxtant le refuge.

Puis ce fut le temps officiel en lui-même : discours des officiels et coupe du ruban. Bruno Serraz, président du Club alpin de Toulouse, a ouvert le bal en replongeant dans l'histoire du site, fréquenté depuis 2500 ans pour relier France et Espagne, ainsi que dans celle du refuge, de ses multiples extensions (y compris des marabouts !) et de ses gardiens historiques ou plus récents (dont Clara Croain, qui a accepté de prendre la gestion du refuge durant la période des travaux, et pour laquelle 2023 va être la première année réelle d'exploitation). Il a bien sûr insisté sur l'importance du refuge pour le club et ses bénévoles, dont Guillaume Trésarieux et Alexandra Genesty (ainsi que Xavier Basseras, ancien président et initiateur du projet de rénovation). Et pour le secteur (c'est le passage classique pour ralier l'Aneto, point culminant du massif, depuis la France). Puis remercié les financeurs et la Fédération pour leur appui sans faille via les financements croisés Europe-Etat-région-département-FFCAM, indispensables pour ce type d'opération.

Nicolas Raynaud, coprésident de la FFCAM, a poursuivi en soulignant le charme plus authentique des Pyrénées et du pyrénéisme, pour les alpins au moins ! Ce qui donne du sens à la place importante accordée aux refuges pyrénéens ces dernières années dans le programme de rénovation national. 60 % des financements leur sont en effet alloués alors qu'ils ne représentent que 20% du nombre total de refuges. Il a tenu à remercier tout particulièrement l'architecte qui s'est parfaitement inscrit dans cet esprit, avec un refuge tout en sobriété et en esthétique. Et souligné également la satisfaction, pour la fédération, d'avoir pu conduire cette opération, importante pour le massif des Pyrénées, grâce à l'implication de l'ensemble des parties du projet, dont les salariés FFCAM (Florent et Maria Isabel) et bien sûr les partenaires financiers, qui ont parfaitement joué le jeu, même si les crédits alloués à l'avenir semblent devoir se réduire.

Le président de la communauté de communes Pyrénées Haut Garonnaises, Alain Puenté, a pris la parole en associant le représentant de la commune de Bagnères, Gilbert Torres, lequel ne pouvait pas intervenir du fait de la réserve électorale liée aux élections municipales du lendemain. Il a témoigné du bon accueil du territoire à cette rénovation attendue, dont l'esthétique est à la hauteur de la qualité paysagère du lieu. Il a rappelé le rôle clef des gardiens, qui sont comme des gardiens de phare dans la montagne, car, "parfois, ça burle...". Et fait le lien avec l'histoire des migrations qui ont toujours marqué ces cols transfrontaliers. Et enfin rappelé le projet de liaison entre les refuges du Portillon, Maupas et Vénasque, afin de proposer une dorsale flirtant avec les grands 3000 m des Pyrénées.

Didier Cujives, président de Haute-Garonne Tourisme et représentant du Conseil départemental de Haute-Garonne, a rappelé qu'une des missions du Département est de faire découvrir les Pyrénées au plus grand nombre, d'où l'importance du maillage de refuges. Il a aussi insisté sur le fait que dans ce lieu, "on est en très Haute Garonne, vu les 18 3000 m qui émaillent la zone". Il a évoqué le rôle à ne pas oublier des "travailleurs de la montagne" (alpagistes, etc.), à ne pas oublier et à respecter, éventuellement en régulant les flux touristiques. Et rappelé qu'il y a seulement 2 ans, c'était la pose de la première pierre !

Delphine Mercadier-Mourre, commissaire du massif des Pyrénées, a débuté son intervention par le rappel de l'importance d'équiper en refuges de qualité les grandes itinérances, ce qui justifie les crédits alloués à ce type de projet de rénovation. Lequel a d'ailleurs bénéficié aussi de crédits issus du plan Avenir montagne (qui a mobilisé 4 M€ en tout). Elle a indiqué qu'il faudrait aussi traiter les cas des refuges de Maupas et du Portalet avant de réinvestir les Alpes... Puis mentionné le projet Entrepyr, très important pour développer l'itinérance transfrontalière. Et souligné l'enjeu de former de jeunes artisans dans les vallées pour pouvoir conduire des opérations de ce genre. Et enfin abordé l'enjeu de la sensibilisation des jeunes publics à l'environnement.

Après ces discours, tous les officiels se sont réunis devant l'entrée du refuge pour la traditionnelle coupe du ruban, qui a permis ensuite aux invités de se ruer vers le buffet gastronomique concocté par Clara et son équipe. Pour la digestion, les plus courageux sont allé faire une incursion panoramique au port de Vénasque afin de profiter de la vue exceptionnelle sur le versant espagnol, dont l'Aneto et la Maladeta. Yoann, le saxophoniste, en a profité pour souffler quelques notes inspirées face à ce panorama majestueux, et bien enneigé pour la saison. Et à 15h, le signal de la redescente a été donné, dans la perspective de revenir aux voitures pour 17h. 

Mais certains, notamment les bénévoles du Club alpin de Toulouse ainsi que quelques officiels locaux, ont prolongé le séjour en restant sur place pour fêter ensemble ce nouveau refuge au cours de la soirée et du lendemain. 

Pour en savoir plus sur la réhabilitation du refuge de Vénasque.