Portrait de printemps #3 Florent Besses

Portrait Florent Besses

"Sortir de sa zone de confort…"

Épris de nature et de liberté, ancien président du Club alpin Buëch-Dévoluy, Florent Besses, fonctionnaire territorial pour une Communauté d'agglomération, est responsable du Groupe excellence ski-alpinisme national (Gesan).

Florent vit aujourd’hui dans le Beaufortain, mais, comme il le précise tout de suite, il est "savoyard d’adoption" : il a grandi dans le sud-ouest de la France, en Aveyron. Après avoir passé le bac à Rodez, ses études vont le conduire à Figeac, Gap, puis Lyon, où il obtient en 2007 un Master 2 de "Développement et promotion des aménagements touristiques". C’est à travers ses parents, passionnés de nature, qu’il découvre la montagne, allant l’été avec eux dans les Vosges, les Pyrénées et les Alpes. Pratiquant le VTT puis l'escalade, il se consacre d'abord pendant dix ans à… l’équitation. "Cette activité est très enrichissante, explique-t-il, car à la différence des autres sports, elle implique un lien avec un être vivant. Le saut d'obstacles et le concours complet m'ont par ailleurs donné le goût de la compétition..."

On sent en discutant avec Florent une passion viscérale, communicative, pour la montagne. Terrain de jeu pour un sportif, celle-ci permet aussi d’être en contact avec une nature brute et sauvage. "J'aime aller en montagne pour sortir de ma zone de confort, pour vivre et partager des choses simples. Sentir les éléments, qu'ils soient cléments ou déchainés, se sentir petit mais en vie… C'est finalement un moyen assez simple de se reconnecter à la nature, un voyage physique et intérieur, en quelque sorte. La montagne est aussi un formidable terrain d'expression où le mot "liberté" a encore sa place, dans une société, un quotidien bien souvent trop normé et aseptisé…" Parmi ses plus beaux souvenirs de montagne, Florent évoque les moments passés en haute altitude, sur un glacier, avec son père, ainsi que sa première ascension du Mont Blanc, en 2010. "Je ne savais plus où donner de la tête, tant de sommets, de lignes d'arêtes, de couloirs. J'étais vraiment impressionné par le potentiel du massif et émerveillé par ce cadre majestueux !"

Florent a toujours cherché à concilier cette passion avec sa vie professionnelle. Après avoir été agent de développement touristique à l'Espace Rando des Pays du Buëch, dans les Hautes-Alpes, il travaille depuis 2015 pour la Communauté de Communes du Beaufortain qui fusionne en Agglomération Arlysère en 2017 (intercommunalité regroupant 39 communes), où il dirige le service "Activités Pleine Nature". Il aide notamment les collectivités à développer des aménagements dédiés aux activités sportives de plein nature (via-ferrata, escalade, sentiers, VTT) et suit le programme d'entretien "sentiers". "J'accompagne les élus et les appuie techniquement pour définir la stratégie de développement des activités de pleine nature, en lien avec les offices de tourisme. Nous déployons d'importants moyens pour les activités estivales."

Être bénévole pour une grande fédération de montagne semblait logique avec un tel profil… Florent a pris sa première licence à l’âge de 19 ans, au Club alpin de Figeac. Plus tard, au fil de ses déplacements professionnels, il s’est inscrit au Club alpin Buëch-Dévoluy dont il a assuré la présidence pendant quatre ans. Installé aujourd’hui en Savoie, il est membre du Club alpin d’Albertville. Impliqué par ailleurs dans l'Association Raid VTT (qui organise une épreuve internationale de VTT sur quatre jours, à cheval, entre la Drôme et les Hautes-Alpes), il envisage le bénévolat sous l’angle du partage : "J'ai de supers souvenirs de sorties clubs auxquelles je participais avec le Club alpin de Figeac, en escalade ou en VTT. Je crois que j'avais envie de partager ça, de transmettre une passion tout en continuant à me former. Le partage est la principale source de motivation !"

Succédant à Jean-François Grandidier, Florent a pris en 2015 les rênes du Groupe excellence de ski-alpinisme national (dont il était membre depuis trois ans déjà). "Je n’ai commencé à pratiquer le ski-alpinisme qu’à 24 ans. J’aime les sensations de la glisse, en général ; le ski-alpinisme est intéressant car il combine effort physique, technicité et prise en compte du milieu." Créé en 1994, le Gesan comporte aujourd’hui dix membres, qui participent aux plus prestigieuses compétitions de ski-alpinisme et réalisent d’ambitieux projets montagne en France comme à l'étranger (traversée du massif de l’Aladaglar en Turquie, exploration ski au Ladakh–Inde, Chamonix–Zermatt par plusieurs équipes, etc.). "Le Gesan, insiste Florent, a une vraie identité "montagne" : on ne peut pas le réduire à un collectif de compétiteurs. On parle souvent de performance, mais je crois qu'elle ne peut se limiter à un chrono ou à une confrontation. Il est important d'aller un peu plus loin. La performance peut être physique, esthétique, refléter un engagement aussi bien physique que moral, sans oublier une dimension sociale, culturelle, ou encore un questionnement environnemental de notre pratique, qui me tient beaucoup à cœur…"

Diriger le Gesan demande beaucoup de temps, d’investissement personnel, mais aussi un sens du collectif : "J'essaye de vraiment impliquer chacun pour qu'on se répartisse les tâches. Pour que ça fonctionne bien, ça ne peut reposer sur une seule personne. C'est un travail collectif, entre Olivier, qui est guide, et notre référent technique, les dix skieurs et moi… Il me semble vraiment important d'arriver à impliquer chacun pour que nos projets voient le jour. C'est un travail de coordination, de motivation des troupes, et accessoirement d'entraînement pour arriver à suivre la troupe." 

Début avril, le Gesan devait traverser les Écrins depuis la Gare d'Embrun jusqu'à la Grave en 3/4 jours en collectant quelques beaux sommets en route. Le projet a dû être annulé et ne verra probablement pas le jour cette année. Mais l’aventure continue. "Nous travaillons actuellement au montage de notre expé 2021, pour du ski-exploration, vraisemblablement en Asie Centrale. Un petit indice sur le pays, ça se finit en "stan". Dur d'en dire plus pour l'instant. Mais cela s'annonce aussi épique que nos dernières aventures en Iran ou au Groenland !"