Portrait de printemps #5

Adhérente au Club alpin de Strasbourg, Maryse Brezillon est membre du groupe CAF Girls Grand Est. Cheffe de projet événementiel pour un groupe de presse, cette alpiniste énergique, au franc-parler, est très attachée aux montagnes du Haut-Rhin…

"C’était un peu une enfance à la Heidi " confie Maryse. Depuis sa plus tendre enfance, lors de vacances vagabondes chez sa grand-mère, près du Londenbach, elle a abordé les sentiers des montagnes du Haut-Rhin. Elle se souvient de promenades avec les chiens, de versants colorés, synonymes de liberté. C’est en famille qu’elle découvre la randonnée en montagne, allant avec ses parents dans les Alpes, le Jura et les Pyrénées. L’adolescence l’a éloignée de cette activité pour préférer les balades équestres. C’est avec un groupe d’amis qu’elle redécouvre les joies de la montagne à Pralognan-la-Vanoise, puis de manière plus soutenue avec son frère, un peu plus tard. Elle a notamment en tête l’ascension de la Pointe Percée, randonnée assez difficile et endurante où trois générations étaient réunies - père, frère et nièce - pour passer la voie normale du refuge Gramusset. 

Maryse vit aujourd’hui à Strasbourg, où elle a grandi et étudié. Titulaire d’un BTS d’action commerciale puis d’un master de communication décroché à l’Iscom, à Paris, elle travaille aujourd’hui pour la cellule événementielle du groupe de presse quotidienne régionale Ebra (Les dernières nouvelles d’Alsace, Le Progrès, Le Dauphine Libéré, L’est Républicain, etc.). Cheffe de projet événementiel, elle organise des événements tels que des salons professionnels, soirées de remise de trophées, et autres futurs événements sur mesure... 

Inscrite depuis quatre ans au Club alpin de Strasbourg, Maryse pratique régulièrement l’alpinisme, l’escalade et la randonnée, et s’est essayée à plusieurs sports de montagne comme le ski de piste, la cascade de glace, ou encore la spéléologie. Dans sa pratique de la montagne, elle apprécie d’être en contact avec les éléments de la nature, de sentir les énergies qui y circulent. "J’aime observer et contempler la richesse des paysages qui évolue toute l’année. Les couleurs des saisons, le relief des différents massifs tout cela contribue fortement à me ressourcer…" 

En décembre 2018, elle a postulé pour intégrer le groupe CAF Girls Grand Est, affilié au comité régional FFCAM Grand Est. Avec le GFHM (Groupe féminin de haute montagne), l’Epaf (Équipe pyrénéenne d’alpinisme féminine), ou encore "Premières de cordée", ce groupe est l’une des sept structures 100% féminines existant au sein de la fédération. L'objectif de ces groupes n'est pas de séparer les hommes et les femmes, mais de créer un espace de formation privilégié entre femmes pour l'accès à l'autonomie et au leadership. L’essor de ces groupes féminins en France, d’après Maryse, "est aussi une manière de montrer que globalement, nous en sommes toutes capable et si une femme choisit d’y adhérer, qu’elle puisse l’exercer dans sa région. C’est plutôt une belle nouvelle, c’est également un moyen de s’encourager et de créer une communauté non exclusive et ni restrictive qui contrecarre l’image vieillissante des activités de montagne telles que l’alpinisme, par exemple…" 

Ayant comme marraine la guide de haute montagne Anne Bauvois, CAF Girls Grand Est comprend sept membres, dont la responsable, Médine Kara (initiatrice alpinisme au Club alpin de Strasbourg). Dans la bonne humeur, sans recherche absolue de performance sportive, le groupe propose la pratique de l’alpinisme, de la cascade de glace, du ski de randonnée, du dry-tooling et de l’escalade. Maryse se souvient encore de sa première sortie : l’ascension de la face nord de la Tête Blanche (3250 m), dans le massif du Mont-Blanc, avec Médine pour première de cordée. "C’est une expérience incroyable que je me remémore et que je revis régulièrement, même si depuis d’autres sommets ont été gravis ; grâce à Médine, j’ai pu approcher et contempler un nouveau monde… "

Très attachée au groupe, impliquée dans ses actions, Maryse aime défendre les valeurs qui lui tiennent à cœur comme l'esprit de solidarité, la notion de collectif, le partage et l'équité. "J'adore l'idée de pouvoir évoluer toutes ensemble tout en faisant la promotion du sport de montagne au féminin ! Je ne suis pas du genre à garder ma langue dans ma poche, mais avant de m’exprimer, j’aime observer pour pouvoir utiliser les mots justes." Toutes disciplines sportives confondues, Maryse constate que les hommes occupent de manière prépondérante le rôle de leader. C’est inscrit d’après elle dans l’inconscient collectif, les sports dits "de montagne" étant généralement encadrés, menés par des hommes. "C’est certainement associé au ressenti de ce côté rassurant, fort et capable de réagir en toute circonstance de l’homme. En 2020, il est temps que l’esprit sportif lié au monde de la montagne laisse la possibilité aux femmes de prendre le lead légitimement et sans clichés !"

Pratiquer la montagne entre femmes, d’après Maryse, permet à celles qui sont moins initiées d’oser partager leurs doutes, leur ressenti et leurs appréhensions plus librement. "Fondamentalement, la manière d’appréhender la montagne n’est pas différente pour un homme ou pour une femme. Je dirai que tout dépend de l’état d’esprit qui peut être influencé par des modèles archaïques. Et c’est visible autant chez les femmes que chez les hommes."

Si l’idée de ces groupes féminins, très actifs sur les réseaux sociaux, suscite parfois l’étonnement de certains dans un premier temps, les encouragements, puis l’engouement suivent rapidement : "de nouveaux "followers" nous soutiennent et nous encouragent sur nos réseaux sociaux !" Les membres de CAF girls Grand Est regorgent d’énergie et de projets. Le dernier en date est un voyage en Turquie, réalisé début 2020, juste avant le confinement. "Ça a été notre plus beau projet. Nous bénéficions encore des bienfaits d’un tel voyage, de ses apports en termes de rencontres, de beauté et d’expériences collectives et personnelles. Cela nous a intrinsèquement fait évoluer, à tout point de vue".