Refuge de la Parrachée : et de 40 pour Franck !
Franck Buisson, le gardien de la Parrachée vient de boucler sa 40ᵉ saison au refuge. Ce personnage attachant à la gouaille inimitable n'est pourtant pas près de raccrocher son tablier.






Il est arrivé au refuge un jour de juin 1985 pour son premier poste de gardien et ne l'a finalement pas quitté. « C'est un métier passion, soit on aime et on reste longtemps, soit on part rapidement », analyse-t-il. Lui en a est mordu : « Dans ce métier, on a le sentiment d'apporter et de recevoir. Chaque personne fait une démarche physique pour monter en refuge : cela nous met tous sur un pied d'égalité. »
Originaire d'Aussois, le gardiennage à la Parrachée lui a permis de rester en Maurienne, mais ce n'est pas la seule raison de son attachement au refuge. « J'ai eu la chance de participer à sa rénovation en 2018. J'ai forcément un gros côté affectif pour ce refuge. »
La Dent Parrachée a en effet été restaurée en 2018 par la FFCAM, dans le cadre de notre plan décennal de rénovation des refuges. Les extensions ont notamment permis d'agrandir la cuisine et de créer un espace gardien. Les nouveaux volumes créés ont amélioré l'accueil du public : un grand sas d'entrée, des dortoirs aérés, des sanitaires rénovés et une salle commune cosy où il fait bon lézarder près du poêle (pour en savoir plus consultez la page dédiée ici).
Ce refuge est unique à ses yeux aussi grâce à sa localisation, à quelques heures du parking, mais à la croisée des chemins de randonnée, des grandes voies d'escalade et des courses d'alpinisme : « La Parrachée fait cohabiter un large public, de l'alpiniste à la petite famille venue juste passer une soirée en refuge. Elle permet à chacun de vivre la montagne selon ses possibilités, son niveau, ses envies. Il y a du respect et beaucoup de bienveillance entre ces murs. »
Pour le plus grand bonheur des convives






© Barbara Satre - FFCAM
Saison après saison, année après année, Franck ne se lasse pas de rencontrer ces publics. Il s'en régale même. Profondément tourné vers ses hôtes, l'animal social observe les mésaventures de ses contemporains, ne pouvant s'empêcher de relever la drôlerie d'une conversation. Son regard canaille attrape l'incongruité d'une situation. De ce théâtre d'altitude, il a distillé petites histoires et grandes anecdotes, qu'il raconte par le menu lors de stand-up improvisés à l'heure du dîner : « Je veux simplement partager ce que je vis. Ce partage dépend des personnes présentes ou de l'ambiance, qui vont me rappeler une histoire. C'est la clé de contact et je démarre ! »
Une appétence pour les relations humaines qui l'amène à répondre sur ce point, là où on attend un retour sur la fréquentation estivale : « La saison a été très bonne, car les gens avec qui j'ai bossé m'ont fait passer d'excellents moments. J'ai eu le sentiment de leur apporter autant qu'ils m'ont apporté. Garder un refuge, c'est une équipe, nous sommes 7 jours sur 7 et 14 heures sur 24 ensemble. Je souhaite que chaque personne qui passe la saison avec moi se sentent bien, et il semble que ça a été le cas. »





Sonam l'aide à garder le refuge l'été depuis maintenant 14 ans. D'origine népalaise, c'est à lui que le refuge lui doit sa touche himalayenne. Depuis quelques années, il est accompagné d'Anne et Lorraine. « Ne pas passer un moment au refuge dans l'année leur manque, leur manque ! »
Sa longévité n'est pas passée sous les radars des médias, qui ont été nombreux à le solliciter cette année. « C'est une reconnaissance, confie-t-il, mais attention ! Cela ne veut pas dire que je passe la main ! Tant que je prends autant de plaisir à travailler là-haut, j'y reste. » De nouvelles histoires à venir écouter dans la salle à manger de la Parrachée en perspective.
Chaque refuge FFCAM est suivi par un club FFCAM. La Dent Parrachée est suivi par le Club alpin de Chambéry. Les gardiens et gardiennes travaillent donc en étroite collaboration avec les bénévoles "refuges" des clubs référents. « Le ou la délégué(e) du gardien gère les affaires courantes, de l'entretien du refuge à la blanchisserie ! Il ou elle recueille les besoins du gardien, participe à leur mise en route dans le refuge, surveille l'état du bâtiment et suit les travaux », liste Jean-Claude Breton, qui a été le réfèrent du refuge de la Dent Parrachée pendant plusieurs années. Lors de sa rénovation qui a duré trois exercices, le refuge n'a jamais fermé totalement. « Le refuge est un point d'étape important du tour de la Vanoise, alors nous avons décidé de le garder ouvert. Cela a compliqué l'opération, mais Franck a largement contribué à ce que cette période se passe bien », se rappelle Jean-Claude Breton. « Nous avons eu des desaccords, mais nos échanges ont toujours été constructifs et on arrive toujours à trouver une solution ! ». Franck et Jean-Claude ont même gardé des liens : « Il me raconte toujours ses anecdotes ! »
En pratique :
Le refuge de la Dent Parrachée sera gardé à partir du 27 décembre jusqu'à début février, puis de fin février à début avril. Consulter le calendrier de sa page pour connaitre les dates. Le refuge est bien sûr accessible en mode non gardé le reste du temps.
Photos de Jean-François Chabert, Florent Roussy et Barbara Satre.