Nom de code : Transpyreneus

©Thomas Pueyo ©Thomas Pueyo

Le Groupe Excellence Ski alpinisme (GESAN) a traversé les Pyrénées françaises, d'ouest en est, sur deux semaines, du 20 février au 7 mars.

Coordonné par Florent Besses, le GESAN réunit une dizaine de skieurs, sélectionnés pour une mandature de deux ans. La première année est consacrée à un projet en France, la seconde à une expédition à l'étranger. Après la sélection effectuée à l'automne 2019, les activités du groupe avaient bien débuté avec un stage réalisé au-dessus de la Grave. "Tout a bien sûr déraillé, expliquent-ils, lorsque la Covid a fait exploser quelques tonnes de TNT sur la voie qu'on s'était tracée. Partir à l’étranger s’avéra vite mission impossible. Alors, par une remontada spectaculaire, les Pyrénées sont passées de plan E à plan A, non sans un certain lobbying des Pyrénéens du groupe... Le but était d'assouvir nos appétits pantagruéliques de dénivelé en traversant le massif." 

Neuf skieurs, sur les douze du groupe, ont donc réalisé le projet estampillé "local" en 2021 en traversant d'ouest en est, sur deux semaines, les Pyrénées françaises. Nommé "Transpyreneus", ce périple de 12 étapes représentait 340 km et 28.000 de d+ ! 

Les skieurs, qui ont réalisé leurs premières foulées aux confins du Béarn, dans la vallée d'Ossau, ont dû composer avec les aléas météorologiques. La neige, tout d’abord, qui s’est fait désirer dès la première étape de la traversée. Un doute s’est emparé de l’équipe lorsqu’elle a remonté la vallée d’Ossau. Il n’y avait en effet pas plus de neige que sur l’aire d’autoroute de Carcassonne. Où se cachait-t-elle ? Il a fallu se rendre à l’évidence : très haut. Elle ne se mériterait donc qu'au prix de portages plus ou moins longs. "Longs", tranche Thomas Boulanger. Des locaux nous ont confirmé que c'était "peut-être le pire hiver depuis 20 ans" pour ce genre de projet. "Quand on chaussait enfin les skis, on a vraiment eu toutes les neiges, mais heureusement pas de gros problèmes nivologiques", se rappelle Olivier, notre guide (voire notre radio, grâce à sa capacité à parler des heures sans interruption).

Deuxième obstacle : un sirocco violent qui a privé l’équipe de certains sommets comme le Vignemale, forçant les skieurs à revoir constamment leurs objectifs. "On a eu des journées vraiment compliquées. Sur la seconde étape on ne pouvait pas tenir debout, sans parler des conditions de neige horribles à cause du vent", explique Lucie. "Moi j'ai trouvé que ça corsait l'aventure, nuance Fred. Si on n'en chie pas un peu, ça ne mériterait pas le terme d'expé !"

Le groupe a montré une force collective incroyable dans l’adversité : "À tour de rôle, confie Thomas Boulanger, on a été poussés dans nos retranchements (physiques, techniques, etc.), sans que le groupe explose. C'est de bon augure pour un projet plus lointain, plus engagé." Analyse que partage Brice : "Ces Pyrénées auront un peu plus forgé et soudé le groupe. Cette expérience nous a appris à nous connaitre dans la difficulté, dans l’organisation, la promiscuité des uns et des autres. C'était un test grandeur nature, même si on revenait de temps en temps à la civilisation. Ça nous permet de capitaliser pour la prochaine expédition dans un lieu plus reculé, où on sera plus mis à l’épreuve." 

Le périple a pris fin comme les aventures d’Astérix, par une belle tablée richement garnie, dressée par le père de Camille Caparros qui vit au pied du Canigou. Les membre du GESAN étaient soulagés de terminer l'aventure sans anicroche, entiers, fatigués mais satisfaits du chemin parcouru. Les regards se tournent désormais vers un nouveau projet, plus ambitieux, plus lointain, mais qui n'occultera jamais l'aventure pyrénéenne…

Les participants à Transpyreneus 
Olivier Oudard (notre guide de haute montagne, qui aurait très bien pu officier dans un talk show), Camille Caparros (le gardien de refuge aux trois poumons), Thomas Pueyo (l'oeil dans le viseur), Brice Filliard (l'homme à tout faire), Lucie Lacordaire (densité énergie/taille imbattable), Romane Lafarge (la Lindsey Vonn sur allumettes), Florent Besses (le chef suprême et coordinateur du GESAN), Thomas Boulanger (le sudiste) et Frédéric Perrin (dré dans l'pentu). 
…"Transpyreneus" en chiffres…
12 étapes, 340 km et 28.000 de d+ du 20 février au 7 mars 2021. 
Environ 80h.
Plus longue journée : 32 km pour 3400 m+
En moyenne : 27 km et 2300 m+ sur 12 jours de ski
Portage : 1/4 du parcours en baskets, soit 80 km et 6500 m+
Point culminant : 3 195 m, au Col de Cerbillona, au pied du Vignemale (but sommet à cause du vent). 

 

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©Thomas Pueyo