Camille, gardienne du refuge de Font Turbat






Camille GLACE
Gardienne du refuge de Font Turbat
"Le refuge, un espace hyper réconfortant, un endroit où l'on se sent en sécurité, comme dans un cocon"
Niché au fond d'un vallon du Valjouffrey, dans le parc national des Écrins, le refuge de Font Turbat est un nid douillet. Depuis juin 2025, Camille Glace a pris les rênes de ce chalet au charme désuet, aidée par son compagnon de vie, Rémi Cramet.
Ce n'est pas dans les Alpes que Camille Glace grandit, mais au milieu des vallonnements volcaniques du Puy de Dôme. Son itinéraire suit d'abord une voie très classique : hypokhâgne, faculté de droit public et Master 2 en droit de la montagne à Lyon et à Grenoble. Une carrière dans la fonction publique lui tend les bras, elle pour qui la notion d'intérêt général revêt une importance particulière. "Depuis toute petite, je pratique la randonnée en famille. J'ai fait de l'alpinisme avec mon père dès l'âge de 16 ans et c'est à ce moment-là que j'ai découvert l'univers des refuges", se souvient Camille. "J'ai immédiatement accroché. J'ai ressenti ces lieux comme des espaces hyper réconfortants, des endroits où l'on se sent en sécurité, comme dans un cocon. Les grandes tablées et le partage m'ont plu : c'est tellement plus simple de rencontrer les autres par rapport à la vallée !"
L'irrésistible appel de la montagne
Pourtant, Camille ne songe pas encore à ce genre de métier. Comme dans de nombreuses familles, ce sont les études et la sécurité de l'emploi qui priment. Les professions saisonnières ne sont donc pas encore une option aux yeux de Camille qui se tourne vers la montagne grâce à son Master, mais en demeurant dans une perspective professionnelle classique. Son diplôme en poche, Camille revient dans le Puy de Dôme et travaille dans un service d'urbanisme. Mais elle a du mal à rester dans un bureau et démissionne. "Avec 5 copines, on a repris un bistrot de campagne, dans un petit village de 300 habitants. J'ai appris à faire le service, la cuisine, la gestion des stocks…" L'aventure dure 4 ans, mais la montagne manque cruellement à la jeune femme. "Je voulais faire la même chose, mais en altitude, et retrouver l'ambiance et la particularité des refuges", raconte-t-elle.
Elle postule alors au Diplôme universitaire Gardien de refuge et obtient son diplôme en 2021. Soucieuse d'accumuler assez d'expérience pour tenir son propre établissement, elle devient aide-gardienne dans 7 refuges différents de 2020 à 2025 : Belledonne, Vanoise, Oisans, Écrins… "Cela m'a beaucoup enrichie. J'ai vu beaucoup de manières de travailler et rencontré des publics très différents." Durant l'été 2024, Camille et son compagnon, Rémi Cramet, assurent l'intérim d'un grand refuge. Il faut orchestrer une équipe de 5 personnes et gérer 2200 nuitées durant la saison. "C'était une grosse expérience qui a prouvé que nous étions capables de tenir en termes d'endurance et de responsabilité", précise Camille. Alors, au printemps 2025, quand est publiée l'offre de gardiennage du refuge de Font Turbat, dans le parc national des Écrins, Camille dépose sa candidature. Et obtient le poste.






Un refuge-cocon au pied de la face Nord de l'Olan
Niché au fond d'un vallon sauvage, au pied de la face Nord de l'Olan, le refuge de Font Turbat est un havre de réconfort dans un univers très minéral. "On a l'impression d'être chez la mamie, au chaud près du poêle", s'amuse Camille. "L'atmosphère est vraiment chaleureuse. Le refuge est petit – il enregistre, en moyenne, entre 900 et 1100 nuitées – ce qui nous convient parfaitement." Gardé en été, le refuge est complètement fermé en hiver. Cette année, Camille et Rémi seront présents entre le 14 juin et le 20 septembre. Ils ont d'ores et déjà commencé à le façonner à leur image, y apportant notamment des jeux et des bandes dessinées. Il faut dire que Rémi, diplômé des Beaux-Arts d'Angoulême, est auteur de BD, peintre et musicien. Le couple nourrit des projets artistiques pour le refuge, dans la droite lignée de ce que faisait Anouchka, la gardienne précédente. "Il y a un piano qui permet d'organiser des concerts, notamment de musique classique. Nous comptons bien continuer dans cette philosophie en programmant de la musique, de la lecture de contes, du théâtre, des projections… Nous solliciterons notamment notre réseau d'amis." Soucieux de bien démarrer leur aventure de gardiennage, Camille et Rémi ont décidé de se focaliser cette année sur la gestion du refuge, mais envisagent de planifier des animations dès 2026.
Entre alpinistes et randonneurs, entre Alpes et Auvergne
En raison de sa situation géographique, à l'écart des GR® et au creux d'un vallon peu fréquenté, le refuge de Font Turbat reste un lieu intimiste. Apprécié des alpinistes, qui viennent affronter la difficile face Nord de l'Olan ou qui partent à l'assaut de la brèche de l'Olan ou de l'aiguille de l'Olan, le refuge accueille aussi des grimpeurs en partance pour l'arête des Murois ou la pointe du Vallonnet. "Il y a aussi des randonneurs et des familles qui empruntent le vallon", indique Camille. "Le col Turbat permet d'accéder au Valgaudemar dans une ambiance magnifique, très sauvage, mais le sentier nécessite d'avoir le pied montagnard."
A la diversité des publics fait écho la diversité des produits proposés à table. Tarte aux myrtilles traditionnelle, tarte noix amandes et crème de marron, carrot cake, agneau aux pruneaux, porc garam massala, gratin de crozets aux pleurotes et au reblochon, mais aussi truffade auvergnate. "On aime cuisiner et travailler nos assaisonnements. On aime aussi sélectionner nos produits et faire un clin d'œil à ma région d'origine", confie Camille. Prioritairement bios et locaux, les ingrédients sont choisis pour leur qualité. Viande de la boucherie de Corps, farine de Mens, légumes, féculents et fruits fournis par Manger Bio Isère, bière et limonade fabriquées par un brasseur du Bourg d'Oisans… mais aussi fromages du Puy de Dôme égayent les repas à Font Turbat.
L'amour de l'accueil et de la nature
"J'aime accueillir les gens. Et accueillir des gens différents. J'aime aussi le contact avec la nature, le rythme saisonnier et la richesse de ce métier qui fait toucher à tout", ajoute Camille. Dans ce petit bout du monde du parc des Écrins, il faut savoir être autonome. Descente des déchets à dos d'homme (plus rarement par hélicoptère), compostage, gestion de l'eau issue d'une source filtrée aux UV, gestion de l'énergie fournie par des panneaux solaires et une éolienne, mais aussi logistique liée à la restauration et à l'hébergement : ce qui est certain, c'est que Camille et Rémi n'ont pas de routine et se donnent à fond pendant la saison. "Nous aimons passer quelques mois hors du monde, dans des lieux sauvages où l'on partage avec d'autres notre amour de la nature et de la montagne", concluent-ils.
Pour réserver
Période de gardiennage
De mi-juin à mi-septembre
Activités praticables autour du refuge
Randonnée
Trail
Alpinisme
Escalade