Franz Schrader, Lucien Devies : deux portraits historiques

Franz Schrader, le pyrénéiste, géographe, cartographe et peintre (1844-1924)

Franz Schrader en 1909, portrait par l'Atelier Nadar © Société de Géographie  BNF Franz Schrader en 1909, portrait par l'Atelier Nadar © Société de Géographie BNF

Membre influent de la Société de géographie de Paris, Franz Schrader devient en 1901 président du Club alpin français. Il donne une impulsion nouvelle aux caravanes scolaires qui permettent à la jeunesse des villes de découvrir la montagne, réservoir d'énergie physique et morale. L'aspect patriotique du Club est renforcé et Schrader le dote de sa fière devise : « Pour la patrie, par la montagne ».

En 1903, il crée la Commission de topographie, les montagnards se plaignant de la médiocrité des cartes d'état-major couvrant les régions montagneuses. Grâce à lui et à ses amis, Paul Helbronner, Henri et Joseph Vallot, Ferdinand Prudent, paraissent de nouvelles cartes des Alpes et des Pyrénées. À la veille de la Première Guerre mondiale, Schrader est appelé comme expert topographe par de nombreux gouvernements étrangers ; en 1903, voyageant en Argentine, il détermine l'altitude exacte de l'Aconcagua et lève la carte de la province de Buenos-Aires. Il meurt le 18 octobre 1924, à plus de 80 ans. 

Lucien Devies, le « patron » de l'alpinisme tricolore (1910 -1980)

1955 - Jean Franco-Henri de Segogne-Maurice Herzog-Lucien Devies-Jean Couzy © D.R. 1955 - Jean Franco-Henri de Segogne-Maurice Herzog-Lucien Devies-Jean Couzy © D.R.

La carrière d'alpiniste de Lucien Devies commence véritablement en 1931, lorsque l'expérimenté Jacques Lagarde le prend sous son aile dans sa cordée au mont Rose pour réaliser une belle première : la face sud-est de la pointe Gnifetti. Mais c'est surtout avec l'immense Giusto Gervasutti que le jeune grimpeur, né à Paris en 1910, va s'illustrer au milieu des années 30. Ils réalisent ensemble deux grandes premières : la face nord de l'Olan en 1934 (la célèbre « voie Devies-Gervasutti ») et la face nord-ouest de l'Ailefroide occidentale en 1936.

Après la mort accidentelle de Gervasutti en 1946, ce sont les dernières années d'alpiniste de haut niveau de Lucien Devies, qui se consacre alors pleinement à ses activités de dirigeant. Il a seulement 24 ans lorsqu'il entre au comité français de l'Himalaya où il fait ses premières armes en participant activement à l'organisation de l'expédition française au Hidden Peak en 1936. A la fin de la Seconde guerre mondiale, les choses s'accélèrent pour Devies : il devient président du Groupe de haute montagne (1948-1951), du Club alpin français (à trois reprises), et de la Fédération française de montagne (1948-1973) et du comité de l'Himalaya. De 1955 à 1974, il dirige la revue du CAF, La Montagne et Alpinisme. En tant que dirigeant de la FFM et plus spécialement du comité de l'Himalaya, il est le principal organisateur de toutes les expéditions françaises dans l'Himalaya et les Andes depuis celle de 1950 à l'Annapurna jusqu'à celle au pilier Ouest du Makalu en 1971. Il exerce toutes ces fonctions alpines à titre bénévole alors que, professionnellement, il est pendant toute cette période de l'après-guerre secrétaire général puis président directeur général de la STEMI, société de transport et manutention ferroviaire.

Par Philippe Latapie, délégué à la présidence