Congrès de Pau : un concentré de réflexion dans un écrin festif

Le deuxième congrès fédéral s'est déroulé à Pau les 11 et 12 novembre. Retour sur deux jours intenses de rencontres et d'échanges sur la question brûlante de la transition.

L'effervescence de ce deuxième congrès, concentré sur deux jours à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour, laisse à présent place à l'observation des premiers bilans.
La participation tout d'abord, plus importante qu'escomptée. La FFCAM a enregistré près de 300 inscriptions, alors que les organisateurs tablaient sur 200. Les participants sont venus des régions voisines. Les clubs de Toulouse, de Bayonne, de Bordeaux et bien sûr de Pau, étaient amplement représentés. Mais de nombreuses régions ont amené leur contingent : Les licenciés du Mans, de Nancy, d'Annecy, de Bretagne, de l'Île de France, des Hautes-Alpes, de Marseille, de Nice ... ont aussi fait le chemin jusque dans le Béarn, tous concernés par la question de la transition, qui était au cœur de ce deuxième congrès.

Une mobilisation qui a largement rempli les rangs des 23 ateliers, garantissant la richesse et la pluralité des échanges. Chaque atelier ayant son propre sujet, c'est donc 23 questions qui ont été débattues aux termes de ce congrès, écumant les trois thématiques sur lesquelles elles se répartissaient : le rôle associatif et sportif de la FFCAMses missions de gestionnaire de refuges, et sa position par rapport aux enjeux globaux. Le contenu des discussions sera rapporté dans des actes, qui orienteront les choix politiques de la FFCAM pour les prochaines années. 

Philippe Latapie, lors de sa présentation du congrés. Philippe Latapie, lors de sa présentation du congrés.

En tant qu'acteur de la montagne, et dans un contexte où les enjeux qui pèsent sur ce milieu sont de plus en plus prégnants, la FFCAM se doit en effet de se positionner, a justifié Philippe Latapie dans son mot d'ouverture : " La montagne est en transition, et nous sommes, comme tous les acteurs de l'écosystème, conduits à bouger, à nous adapter et plus encore ". Membre du Comité directeur, Délégué à la Présidence et chargé de mission auprès du bureau fédéral, il soulignait les évolutions que la fédération a déjà éprouvées vers " plus d'ouverture, plus d'attractivité, plus de crédibilité ". " Cela a permis de concrétiser des initiatives fortes : les écoles pour les jeunes, les nouveaux statuts, la réforme territoriale, le projet fédéral, de nouveaux supports et services, une équipe de direction renforcée, les cursus de formation, le plan de rénovation de nos hébergements ", a-t-il listé. " Dans les clubs, les offres se sont enrichies avec la multiactivité, ce qui permet d'accueillir de nouveaux publics, les jeunes, et les femmes en particulier. Et cela grâce au travail des bénévoles encore nombreux et qui se renouvellent quoiqu'on dise.

Cependant, cette " transition " était purement " interne ", note le secrétaire général : " Aujourd'hui, du fait d'une nouvelle crédibilité acquise dans l'écosystème, c'est l'environnement et des facteurs externes qui s'invitent dans notre dynamique. Il nous faut désormais conjuguer avec des tensions, des complexités, voire des objectifs contradictoires. Les points de vigilance, que nous saurons faire valoir ensemble, doivent nous guider et nous aider à conserver le cap ".

Afin d'alimenter les débats et de rassembler autour de la question, deux conférences et une table ronde se sont tenues dans les amphithéâtres de l'université. 

La première, intitulée La montagne en transition, pourquoi et comment repenser le modèle de développement des territoires de montagne était animée par Olivier Bessy, sociologue du sport, des loisirs et du tourisme : " Les enjeux climatiques et environnementaux sont extrêmement médiatisés et mettent la montagne face à son avenir. Face à ces problématiques environnementales, il faut aussi ajouter les enjeux sociaux, culturels et économiques, et les vallées pyrénéennes n'échappent pas à ses questions. " Le chercheur suggère une montagne habitée, " qui pourrait réellement s'appeler quatre saisons ". 

Ici, son interview sur les enjeux de la montagne publié avant le congrès. 

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La table ronde sur l'avenir des refuges, qui se déroulait dans le même laps de temps, posait l'épineuse équation du coût de leur rénovation et d'entretien, que décrivait Maria-Isabel Le Meur dans son interview publié sur le site de la FFCAM en amont du congrès : " Ce qui est en jeu, c'est la transmission de ce patrimoine de 120 bâtiments aux générations futures ".

La directrice adjointe responsable des hébergements à la FFCAM expliquait : " Si nous ne nous recentrons pas sur la fonction première du refuge et leur mission d'intérêt général, le risque est de devoir faire des choix sur les bâtiments à préserver ou d'augmenter déraisonnablement le tarif des nuitées et de mettre à mal la mission de la FFCAM, qui est de développer les pratiques et de rendre la montagne accessible à tous.

 

De gauche à droite, Maria-Isabel Le Meur, citée ci-contre, Julien Militon, président de l'AGREPY et gardien du refuge d'En Beys, Baptiste Grillet, architecte des refuges rénovés de Campana de Cloutou et Vénasque (Triptyque) et ingénieur INSA, Laurent Lespine, chef du Service RTM des Hautes Pyrénées et des Pyrénées Atlantiques. 
(Olivier Hoibian, sociologue et maître de conférences à l'université de Toulouse était en visio)

Le lendemain, la conférence sur l'évolution des glaciers, qu'Étienne Berthier nous avait présentée dans son interview, réservait une surprise : la présence de Pierre René, glaciologue et fondateur de l'association Moraine, qui suit les glaciers pyrénéens depuis 20 ans. Les spécialistes ont dressé un focus sur les derniers bilans de masse enregistrés pour les glaciers pyrénéens.

Leur interview filmée, réalisée à la sortie de la conférence et résumant leur propos, est à retrouver ci-contre.

En marge des studieuses conférences et ateliers, un dîner a rassemblé les licenciés dans le magnifique Palais Beaumont de Pau. La soirée s'est poursuivie autour des projections du festival Image Montagne, que le Comité départemental des Pyrénées-Atlantiques et le club de Pau proposent chaque année. Une organisation au cordeau à l'image de ce congrès parfaitement huilé et sans temps morts. Bravo aux bénévoles du club de Pau et au Comité départemental des Pyrénées-Atlantiques !


Visionnez ci-dessous le replay de la conférence d'Étienne Berthier : les glaciers, sentinelles du changement climatique :