Cartographie





Le cartographe, passeur d'informations
La carte véhicule l'information. Toujours thématique, elle raconte le monde tel que le cartographe veut bien le décrire. Histoire, géographie, économie, aménagement, éducation, utopie même se reflètent dans la plus pure expression sémiologique qu'est la carte. Image réduite d'un territoire que l'on doit généralement considérer comme géométriquement exacte, la carte appréhende, décrit, explique, renseigne, informe. Mais, à travers elle c'est le cartographe qui parle.
À quelles règles se réfère le cartographe pour que sa carte puisse être lisible et compréhensible ? Comment s'y prend-t-il pour mettre en scène les informations d'une portion de territoire qu'il a la charge de représenter, réduit du kilomètre au millimètre sur un document qui devra être diffusé ? Et faire qu'en trichant, le vraisemblable reste l'image de la portion de réel qu'il doit décrire ?
Quels que soient les outils dont il dispose, le cartographe doit constamment chercher, comprendre, exprimer ce qu'il a compris pour pouvoir le transmettre. Et pour bien transmettre, il doit aussi savoir à qui il s'adresse. Il se doit de concevoir une carte sur laquelle l'utilisateur pourra trouver le plus clairement possible les renseignements qu'il cherche. Et pour que ces renseignements réduits et adaptés restent identifiables, leur représentation ne doit pas être confuse.
Chaque élément de la carte doit livrer une information à son lecteur.
Le cartographe se doit de rendre cette information clairement visible et compréhensible, y compris par un œil non-averti. Il lui faut donc interpréter les informations à traiter, les généraliser à une échelle donnée, les symboliser en tenant compte des règles de lisibilité.
Les hiérarchiser selon les spécificités du sujet de la carte, en gérant les ouvertures de tracés ou de trames qui risqueraient d'alourdir, voire masquer, des informations capitales.
Leur adaptation s 'inscrit dans l'attention aux règles liées à la généralisation et la construction judicieuse de signes conventionnels, qui tient compte de contraintes graphiques et techniques. Ces contraintes sont liées à la morphologie humaine : acuité visuelle, seuil de perception, appréciation des couleurs... ; à la nature même de l'information à cartographier sur une surface limitée. Elles sont aussi liées à l'utilisateur et aux conditions de consultation de la carte.
Au-delà de l'obligation à maîtriser les règles de la sémiologie graphique, le travail du cartographe dépend encore directement des techniques de reproduction des films, des techniques d'impression et de diffusion des documents. Il faut prendre en compte l'historique des méthodes de réalisation, des techniques de reproduction et d'édition cartographiques, comprendre pourquoi et comment nos outils graphiques, nos supports de fabrication ont constamment évolué, pour mieux maîtriser nos outils d'aujourd'hui. Des procédés traditionnels aux procédés numériques, le cartographe n'a pas changé de métier, mais d'outils : il doit toujours être plus facile de lire une carte que lire un texte qui voudrait exprimer son contenu.
Par Jasmine Desclaux-Salachas, cartographe