GEAN dans le Verdon : retour sur terre
Le Groupe excellence alpinisme est rentré du Verdon. Bilan des courses : deux croix, un arbre arraché et un poussin. Explications.

Pour le premier stage de leur parcours, les athlètes du Gean et leurs coachs avaient jeté l'ancre dans les gorges Verdon. L'objectif de ce stage était de travailler les techniques de l'escalade artificielle, « les fondamentaux », comme Stéphane Benoist, en vieux loup de mer, l'avait martelé dans notre précédent article (à retrouver ici).
Banzaï !
Membre du Groupe militaire de haute montagne, Léo a déjà coché quelques lignes dans le secteur. Sur le topo, il a remarqué « un trou » entre deux voies, il amène Esteban Daligault et Kilian Moni au pied de la paroi: « Nous avons repéré une ligne assez évidente : nous nous sommes dit "Banzaï" » !
Trois hommes et un poussin
Les premières longueurs ne sont pas aisées, il s'agit de se faire confiance et de croire aux protections posées : « On se sent seul, mais il faut avancer ! ». Finalement, les longueurs deviennent plus fluides, les gestes plus sûrs. « Nous nous sommes imprégnés de l'expérience des coachs. Il y a plein de petits déclics qui se font progressivement. À la fin, je savais directement quelle protection utiliser dans la fissure et pourquoi, dans quel sens, comment elle allait travailler ». Après une nuit en porteledge, il ne reste que quelques longueurs. La dernière est confiée à Esteban, qui, en savourant le panorama, remarque soudain « un poussin en bas ». Il s'agit de la silhouette d'un volatile tracée sur la plage au fond de la gorge avec des pierres. Le nom de cette nouvelle voie est trouvé. Les trois hommes la sortiront à la mi-journée.

À quelques dizaines de mètres d'eux, Hugo Peruzzo et Arthur Poindefert s'étaient lancés dans Metallic K.O (7b, A4 250m ), une voie ouverte en 1992, mais quasiment pas fréquentée. « Leur présence à proximité rendait cette paroi plus acceuillante, nous pouvions échanger, on s'encourageait ! », raconte Kilian Moni. Ils termineront peu après les ouvreurs de Poussin.
Comment se prendre au jeu
Un peu plus loin, Pierre Girot, Sophie Jacob et Stéphane Benoist se sont attaqués à la voie Au voleur, méfiez-vous (6b - A3/4 - 250m). Leur démarrage est rapide, mais leur chargement les pénalise dans les manips. « Plus une voie est parcourue, plus les endroits où placer les protections ont travaillé, plus il faut prévoir d'équipement pour que les points tiennent », éclaircit Kilian Moni. Les nombreux coins de bois, en particulier, nécessaires à l'équipement de la voie rendent leurs sacs imposants. « Je n'avais jamais passé de nuit en porteledge, jamais tracté de sacs aussi lourds, jamais géré autant de matériel ! En matière de logistique, ce stage nous a apporté un gros apprentissage », relève Pierre Girot. Dans la dernière longueur, il s'est même pris au jeu, encouragé par Stéphane Benoist qui avait déjà parcouru cette voie lors de ses jeunes virées verdonnaises. « Il y avait quelques spits, mais dans ses souvenirs, on pouvait ne pas les utiliser et il m'a encouragé à essayer. » Pierre avait déja grimpé en artif' jusqu'au niveau A3. « Dans le cadre du GEAN, j'étais chaud pour grimper du A3+, voir du A4 » C'est chose faite avec cette dernière longueur bien exposée, passée sans l'aide des spits, de niveau A4.
La quatrième cordée, composée de Laetitia Chomette, Yanis Cherquaoui et Jérôme Sullivan, s'était lancée dans Charlie Akbar, à droite de la Paroi du Duc. « Ambiance face nord, humide et froide », décrira Laetitia Chomette sur sa page FaceBook. Mais l'arbuste qu'ils devaient crocheter avec une corde s'arrachera. Sans ce point naturel, la progression est compromise. Les trois coéquipiers, qui se refusent à modifier la voie en forant un trou, tenteront bien de trouver un autre relais salvateur, sans succès : retour forcé sur la plage.

Performance ?
« On ne fera pas cela tous les jours ! », plaisante Kilian Moni, cependant, « quand on se retrouve bloqué sur un passage en montagne, l'artif peut nous permettre de passer sans perdre plus de temps ». Ces cinq jours passés ensemble dans un environnement spartiate (bivouac dans une grotte) ont aussi eu le mérite de solidariser le groupe. « Nous avons eu du temps pour apprendre à nous connaître, nous apprivoiser et rigoler, je me suis vraiment senti a ma place », confie Pierre Girot, qui a hâte de retrouver le groupe pour le prochain stage.
Stéphane Benoist, quant à lui, décrit la nouvelle ligne du Poussin comme « une ascension remarquable » : « Notamment car cette voie est la seule dans la Paroi Rouge avec aussi peu de spits ». Il n'ose cependant pas employer le mot « performance »* : « Même avec l'ascension du siècle, nous n'arriverons pas facilement à faire prononcer ce mot à Léo Billon ». Ce sera peut-être cela, la vraie performance.
Le GEAN nous donne rendez-vous très vite la semaine prochaine à Chamonix pour un stage endurance et des tests de VO2 max.
* Lire ou relire l'interview de Stéphane Benoist du 24 avril 2024 publiée sur notre site, où il aborde, notamment, la question de la performance en alpinisme.
Photos des membres du GEAN















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