Le GEAN dans le Verdon : retour aux sources

Pour son premier stage du cursus, le Groupe excellence alpinisme national a rendez-vous dans le Verdon. Un point de passage quasiment obligé pour poser les bases de la formation. Nos jeunes prodiges n'ont cependant pas attendu ce premier stage pour pratiquer la montagne ensemble.

Yanis Cherquaoui, Esteban Daligault, Hugo Paruzzo dans Barbares 2, une voie en mixte ouverte quelques semaines auparavant par Léo Billon et Amaury Fouillade, dans le massif Mont-Blanc Yanis Cherquaoui, Esteban Daligault, Hugo Paruzzo dans Barbares 2, une voie en mixte ouverte quelques semaines auparavant par Léo Billon et Amaury Fouillade, dans le massif Mont-Blanc

Top départ. Le Groupe excellence alpinisme démarre cette semaine son cursus de formation, avec son traditionnel stage d'escalade artificielle dans le Verdon. Les coachs, Léo Billon et Stéphane Benoist, avaient d'abord opté pour les falaises du Gerbier, dans le Vercors, mais la météo a repoussé les stagiaires plus au sud, sur un des terrains de jeux phares des pionniers de la grimpe. « L'artif' fait partie des bases en alpinisme, mais depuis l'arrivée des cablés à la fin des années 1970, la culture du pitonnage se perd. Les jeunes alpinistes ont tendance à passer cette étape dans leur progression », remarque Stéphane Benoist. Les techniques d'artif permettent notamment de poser un point de protection quand le rocher est trop compact ou trop fin pour supporter un cablé. « Ce savoir-faire est pourtant essentiel pour réaliser des hivernales où les fissures peuvent être bouchées par la glace, des itinéraires rarement parcourus où les ouvreurs n'ont rien laissé et,à fortiori, les ouvertures de voies. Le piton est aussi un élément de sécurité pour organiser une réchap'. Ce n'est pas pour rien qu'il est enseigné depuis la création du GEAN ! », rappelle le responsable du groupe. 

Lorsqu'on l'interroge sur d'éventuels objectifs techniques : « Je ne mettrai aucune pression », coupe d'emblée le coach. « Je souhaite simplement poser les fondamentaux: protéger, évoluer dans la verticalité avec des manoeuvres de cordes propres à l'artif, hisser des sacs, tout ce qui permet d'associer la sécurité avec l'efficacité. »
Ce premier stage aura aussi pour objectif stage de fédérer le groupe : J'attends d'eux qu'ils s'intégrent et forment un collectif, qu'ils apprennent à fonctionner ensemble et développent un vocabulaire commun.» Ces « fondamentaux » sont aussi le moment d'introduire les réflexions « sur la vitesse, la notion de sécurité et le sens de ces manips ».

Les « barbares » du GEAN déjà à l'œuvre

Certains membres du GEAN n'ont pas attendu ce premier signal pour grimper ensemble. Yanis CherquaouiEsteban Daligault et Hugo Peruzzo se sont attaqués fin février à Barbares 2, (M8/+ 500m) une ligne fraîchement ouvertes quelques semaines plus tôt par Léo Billon et Amaury Fouillade (membre du GMHM et ex-membres du GEAN) à la pointe Rapahël Borgis de Pré de Bar, 3683 m, dans le massif du Mont-Blanc. « C'est la première fois que des membres du GEAN réalisent des ascensions de ce niveau avant le premier stage. Cela donne l'impression que l'intégration au GEAN les a propulsés », note Stéphane Benoist. « On ne peut que se réjouir de cet excellent niveau et de leur engagement. »

 

 

Dans l'abominable ligne de Barbares 2.

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À la guerre comme à la guerre, les stagiaires ne profiteront pas du gîte FFCAM de la Maline, idéalement placé en haut des gorges! « Comme les pionniers, nous dormirons en bivouac, dans les grottes où sur des vires », justifie Stéphane Benoist. 

Photos de Marion Caprion et Barbara Satre.

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Nouvelles du 26 mars : à l'assaut de la Paroi rouge

Pour leurs premières réalisations au sein du GEAN, nos athlètes ont jeté leur dévolu sur la Paroi rouge, un secteur dont le surplomb propose plusieurs grandes voies en artif'.

Le groupe s'était donné rendez-vous à La Palu samedi dernier. Quelques kilomètres plus loin, ils chargeaient à bloc leurs sacs de portage pour bivouaquer dans les gorges, sur la traces des pionniers. Après deux premières journées à réviser les manips de corde et la pose de protection, nos athlètes ont jeté leur dévolu sur la Paroi rouge, un secteur en surplomb où s'éparpillent plusieurs grandes voies en artif', pour se faire la main.

Arthur Poindefert et Hugo Peruzzo ont opté pour Mescalito (ED- 7c>6c A1 III P2), Pierre Girot, Sophie Jacob et Stéphane Benoist se sont attaqués à Au voleur, méfiez vous (6b, A3/4, 250 m ) et Jérôme, Laetitia Chomette et Yanis Cherquaoui se sont lancés dans Charlie Akbar (tracé en pointillé bleu sur ce lien, non côté). Enfin, tant qu'à être là, Esteban Daligault, Kilian Moni et Léo Billon tente une ouverture ! Nous vous en dirons plus quand ils seront descendus de leur portaledge. 

Photos de Kilian Moni