Le GEAN sur les falaises de Presles

Le deuxième round du GEAN a démarré lundi soir à Presles dans le Vercors. Ces falaises se trouvant à moins de deux heures de route de l'antenne alpine de la fédération, nous sommes allés rencontrer ces athlètes à l'occasion du premier bivouac.

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Rendez-vous pris au parking de la grotte de Choranche en fin d'après-midi. La décontraction du shooting photo qui se déroulait non loin le jour-même à fait place à la concentration. Les cordées sont déjà formées. Sous l'œil critique des coachs, Léo Billon, Jérôme Sullivan, Enzo Oddo, et Mathieu Détrie (Stéphane Benoist étant retenu), elles préparent le matériel, soigneusement étalé au sol :  « C'est bon pour les crochets gouttes d'eau ? » questionne Jerôme. « Il ne faut pas oublier les fifis* », lance en écho un athléte. On prend le temps qu'il faut, rien ne doit manquer… Rien ne doit être superflu non plus, car tout le matériel doit être porté jusqu'au départ de la voie d'abord, puis hissé dans la voie.

Les patates sont prêtes

Les carottes sont cuites, ou plutôt les patates sont prêtes. Les patates, c'est le nom couramment donné aux énormes sacs de portage en forme de tube où s'entassent le matériel, les affaires de bivouac, le ravitaillement, l'eau, etc. Les premières cordées partent ainsi chargées en direction de la grotte de Choranche. Le chemin est d'abord affable, large, en faux plat remontant, mais il faut le quitter (à regret!) pour crapahuter jusqu'au pied des voies et y déposer le matériel : c'est toujours un peu de temps et d'énergie gagnés pour le lendemain. Certaines patates sont devenues plus " digestes " à porter après cette opération. Des grimpeurs vont les reremplir avec le reste du ravitaillement laissé au parking. Le bivouac, lui, se trouve un peu plus loin, à la grotte de Balme Rousse.

" Passion bivouac "

« Il existe un gîte à proximité », avait tenté un des grimpeurs lors de la préparation du stage. La question avait été « ignorée » par les coachs : ce n'était pas un sujet. Au GEAN, le bivouac semble être une institution. « Cela permet d'être plus efficace, plus libre, plus près des voies. La cohésion du groupe est plus forte aussi », motive Mathieu Détrie. « Et puis, ce n'est pas dans l'esprit. L'alpinisme, c'est la rusticité », ajoute-t-il. « Passion bivouac ! », plaisante Pierre.
L'intégration des athlètes dans ce cursus de trois ans justifie ces premiers stages avec l'ensemble du groupe. « Ils apprennent à fonctionner ensemble et cela permet d'avoir une base commune. De plus, c'est intéressant que tous les coachs voient les athlètes et inversement », décrit Léo Billon. Les prochaines sorties se dérouleront plutôt par petits groupes, en fonction des besoins et aspirations : les stages «  à la carte » de Stéphane Benoist.  Pour ce stage « au complet », pas d'attente particulière des coachs, si ce n'est « qu'ils soient curieux, qu'ils sortent de leurs habitudes », confie Léo Billon. « Nous leur proposons des techniques, des méthodes et des voies qui nous paraissent pertinentes pour construire une expérience et une carrière d'alpiniste. L'idée est qu'ils soient ouverts à d'autres façons de grimper, afin de pouvoir faire leur choix en conscience et en fonction de ce qui leur correspond. »
Le repas est vite englouti, la soirée se prolonge sur les téléphones à étudier les topos et les photos des voies, à la recherche du moindre indice. Hugo, Pierre et Léo tenteront l'ouverture d'une nouvelle voie du coté du toit des Lyonnais. « Léo avait repéré cette ligne sur le topo. Au parking, on a mis un grand coup de jumelle : elle avait l'air encore mieux que sur la photo ! », relate Pierre. Laetitia, qui a déjà coché Syndrome xx en artif, aurait aimé passer cette voie en libre « pour boucler la boucle », mais les conditions ne s'y prêtent pas. Elle s'engagera, encordée avec Sophie et Enzo, sur Plombs sur plomb (ED, 230m). Arthur, Kilian et Mathieu se lancent dans Scatologue Ordurier ( TD+, 230 m ) à gauche du toit des Lyonnais, qu'ils vont tenter de libérer. « Il y a au moins deux longueurs estimées en 7C, peut-être plus. Une longueur n'est pas du tout cotée : ça va être intéressant d'essayer de la passer en libre ! », précise Kilian. Estéban, Jérôme et Yanis, quant à eux, ont le projet d'ouvrir une voie entre Plombs sur plomb et Syndrome xx. 

Le lendemain, la pluie fine a fait office de réveil. Les premières cordées décollent néanmoins vers 7 heures et le tintement des marteaux se fait vite entendre. C'est l'avantage des parois déversantes : nul besoin d'attendre que le rocher sèche !

* Fifi : forme de crochet utilisé pour la progression en artif

Article mis à jour jeudi 22 mai à 8h30 avec les propos de Léo Billon.

 

Photos : Kilian Moni - GEAN / Barbara Satre - FFCAM