Vivien, gardien du refuge de la Brèche de Rolland

Quel est ton parcours avant d'être gardien du refuge de la Brèche de Roland ?

Toulousain de naissance, j'ai été mené vers la montagne lors de mes années collèges, résidant alors près du parc du Mercantour. Mes premières activités de montagnes étaient donc des randonnées familiales et du VTT. Après le lycée, je suis entré en Fac de sport pour devenir professeur d'EPS. C'est là que j'ai découvert l'escalade et je m'y suis mis à fond ! J'ai ensuite fait de nombreux boulots, je me cherchais.

Alors que j'envisageais de me lancer dans la restauration d'œuvres d'art et le bâtiment, l'appel de la montagne a été le plus fort. Dès 2007 j'ai commencé à travailler dans des refuges pyrénéens (Grange de Holle, Oulettes de Gaube, Larribet, La Glère) tout en passant mon Diplôme Universitaire de gardien de refuge. Après plusieurs années, j'ai fait une pause alpine, durant laquelle j'ai travaillé comme aide gardien à Albert 1er et au refuge de la Selle. Ces refuges d'altitude m'ont permis d'apprécier la vie dans un hébergement très isolé, de surmonter les difficultés techniques de la gestion de l'hébergement.

Qu'est ce que tu aimes particulièrement dans ce métier ?

Dans le métier de gardien, j'aime particulièrement la débrouillardise, la polyvalence, chaque jour réservant son lot de défis techniques ou organisationnels à relever.

J'aime aussi transmettre aux visiteurs mes connaissances sur la manière d'aborder la montagne, la culture montagne et les codes associés. Au-delà de la randonnée, il peut y avoir des activités plus techniques, nécessitant une meilleure appréhension du milieu. Et puis l'univers de la montagne, ce sont aussi des professionnels (bergers, guides, secouristes…) et des habitants qui ont une façon de vivre particulière. C'est tout cela que j'aime transmettre.

Enfin, j'aime l'immersion estivale en altitude, l'occasion pour moi de voir la montagne changer chaque jour, de connaitre les moindres recoins des environs du refuge. Cela permet de s'extraire d'une forme de zapping d'activités ou de lieux de pratiques pour revenir à un rapport plus approfondi avec ce qui nous environne.

Quelle est la particularité du refuge de la Brèche de Roland ?

Avant tout, le refuge dispose d'un très fort potentiel en termes d'activités sportives (randonnée, escalade, spéléo, alpinisme, cascade de glace, ski de rando).

Par ailleurs, j'ai été séduit par l'aspect très minéral des lieux, ce paysage étant unique dans les Pyrénées.

Ensuite, le refuge a été rénové récemment, et ce confort quotidien n'est vraiment pas négligeable, surtout vu la fréquentation et le rythme de travail soutenu. Ayant fait l'expérience du vieux refuge, j'apprécie particulièrement les améliorations qui ont été faites.

Enfin, la clientèle est très variée. Nous recevons aussi bien des montagnards aguerris que des personnes qui découvrent la culture montagne, les codes, le mode d'hébergement en refuge. C'est un vrai défi que de proposer un retour à l'essentiel pour une clientèle non avertie, même si on propose une prestation qualitative.

Comment s'organisent l'accueil et l'hébergement dans le refuge ?

Le refuge est composé de dortoirs de 6 à 10 places, confortables et modernes. Nous plaçons nos clients de façon à ne pas séparer les groupes constitués, dans la limite du possible. Les sanitaires intérieurs sont en eau, des toilettes sèches accessibles depuis l'extérieurs sont ouverts aux randonneurs de passage. Cela nous permet de limiter les consommations d'eau.

La salle à manger est lumineuse et agréable, elle peut accueillir jusqu'à 70 personnes. Une bibliothèque y est à votre disposition.

A l'entrée du bâtiment vous trouverez un grand SAS avec des casiers pour laisser certaines de vos affaires ainsi que le matériel technique.

En hiver, le poêle dans la salle à manger permet de faire sécher vos peaux de phoque ainsi que vos chaussures.

Concernant les horaires, les petits déjeuners sont servis volontairement tôt, à 6h30 (voir plus tôt à la demande). En effet vous constaterez l'afflux très important de randonneurs durant la journée. Les départs matinaux permettent de monter tranquillement sur des sentiers non encombrés, de profiter de la fraîcheur et des belles lumières du début de journée.

Qu'est-ce que tu proposes en restauration ?

Je propose une cuisine d'ici et d'ailleurs, simple mais copieuse, et adaptée aux activités de montagne. Je privilégie au maximum les produits locaux et bio, en gardant des prix abordables.

Le petit déjeuner est très complet, il est composé de pain, beurre, confiture, miel artisanal d'Espagne, jus de pomme, lait, lait végétal, muesli, corn flakes, 4 quarts, pain d'épice, fromage, charcuterie, huile d'olive, pan con tomate, café, thé. Le tout est à volonté.

La carte du midi comporte tacos végétariens au fromage fondu, soupe avec fromage de pays, plat du jour (agneau), omelettes, sandwich. Pour les gourmands nous proposons crêpes et fondants au chocolat.

Pour vous désaltérer nous proposons de la bière artisanale du sud-ouest, Sarriat ou Hapchot, toutes sortes de sodas, du jus de pommes bio, de l'ice tea maison, thé, café ou chocolat.

Le repas du soir est composé d'une soupe servie avec du fromage, d'un plat principal qui peut varier selon l'humeur du chef (viande en sauce, lasagnes, chili végétarien, gratin de crozets…), d'un dessert (panacotta maison à la mangue ou fromage blanc).
Le pique-nique comporte une salade (lentilles riz), un sandwich (charcuterie et fromage), nougat, pâte de fruits, compote, madeleine.

Est-ce que tu proposes des produits bio/locaux ?

Voici quelques produits bio, locaux et de qualité que nous proposons au refuge :
-   L'Agneau du pays Toy de la boucherie de Luz
-   Le fromage d'un producteur du pied du Soulor
-   Le pain cuit au four à bois par la boulangerie du pays Toy
-   Le jus de pomme bio
-   Le miel artisanal de Catalogne
-   Le vin du sud-ouest (Madiran)

Quelle est la spécialité du refuge de la Brèche de Roland ?

Nos lasagnes sont particulièrement appréciées. C'est un plat copieux et végétarien, préparé avec des épinards, des légumes, du soja bio du sud-ouest, beaucoup de fromage et de béchamel.

As-tu des indications sur l'histoire du bâtiment la conception du bâtiment ?

Le projet de refuge a démarré en 1942. Sa construction a été achevée en 1956 par le Club Alpin Français. Il était fait de moellons de pierre de taille extraite sur place. On peut d'ailleurs encore voir les maçonneries anciennes par endroits. Le refuge a été inauguré par Maurice Herzog en personne.

Le nouveau refuge a été conçu de façon à améliorer de nombreux aspects du bâtiment, tout en conservant une partie de l'ancien refuge. Par exemple, la fourniture en énergie utilise plusieurs sources d'énergie différentes. Par ailleurs son emplacement soumis aux avalanches a nécessité une construction très solide.

©Florent Roussy

Comment fonctionne le refuge au niveau énergie, eau et gestion des déchets ?

Le refuge est alimenté en énergie par une génératrice à pellets, des panneaux solaires photovoltaïques et thermiques. Nous essayons du mieux possible de limiter l'usage des pellets au strict nécessaire car ceux-ci sont montés par hélico.

L'eau est captée au niveau d'une résurgence au pied d'une falaise sous le glacier de la brèche. Par ailleurs un petit captage provisoire est installé au mois de juin derrière le refuge. Cela représente un gros travail.

Concernant les déchets, nous faisons le tri sélectif, et limitons du mieux possible les emballages dès l'achat de nos stocks. Nous essayons de faire redescendre certains déchets en vallée par des randonneurs afin de limiter les rotations d'hélico dédiées aux charges poubelles. Nous sommes par ailleurs soumis à un manque de place pour le stockage des déchets. Aussi, nous demandons à chaque randonneur de redescendre ses propres déchets.

Quels sont les bons plans à proximité du refuge ?

Plusieurs randonnées sont particulièrement prisées au départ du refuge : la vire des fleurs, le Taillon (un 3000m accessible), le Mont Perdu et la couronne des 3000 du cirque.

2 secteurs d'escalades sont également accessibles : la dalle des Sarradets (AD à TD) ou la face nord de la Tour (voies équipées et TA, niveau TD à ED).

De nombreuses autres activités sont pratiquées autour du refuge : spéléo, ski de rando, cascade de glace, alpinisme hivernal et estival.

Côté faune on retrouve la faune typique de haute montagne : isards, rapaces (gypaètes), et quelques hermines aux abords du refuge.

Le paysage est simplement magnifique et la promenade en devient inoubliable. Le versant nord de la brèche, austère, abrupt, contraste de manière saisissante avec le versant côté espagnol, bien plus ouvert.

As-tu des petits conseils à donner aux clients ?

Il est primordial de bien se renseigner sur les conditions de neige en début de saison et jusqu'à mi-juillet, notamment en consultant la page Facebook du refuge.

Pensez à consulter la météo avant de partir, le passage de la cascade peut devenir très dangereux si un orage survient. N'hésitez pas à demander conseil au gardien concernant le risque météo.

Même si le refuge est accessible, c'est un site de haute montagne, avec 2 passages non débonnaires qui peuvent poser problèmes : le passage de la cascade et les dalles sous la brèche.

Ne milieu naturel est à préserver, merci de ne pas jeter vos poubelles aux abords du refuge mais de les redescendre (nous ne pouvons pas les prendre en charge au refuge).

N'hésitez pas à ramasser les déchets qui trainent ou à proposer votre aide pour redescendre des poubelles du refuges, et limiter ainsi les héliportages.

En haute montagne, il peut faire froid même en plein été. Prenez bien de quoi vous couvrir.

Si vous avez des remarques sur le service proposé, n'hésitez pas à venir nous en parler, nous préférons la discussion aux avis émis sur internet.

Le refuge implique la vie en collectivité, le partage des repas, certaines concessions sur son mode de vie. Nous vous invitons à jouer le jeu !

En termes de règlementation, le bivouac est interdit côté Ordesa et les chiens sont interdits côté Français, même tenus en laisse.