Le prix de ma nuitée en refuge, comment ça marche ?
En partance pour une belle randonnée ou une belle course d'alpinisme, il est l'heure de passer à la caisse du refuge avant de chausser les crampons. Avec parfois le petit frisson épidermique « ouille, ça douille ! » ponctué du « j'aurais dû boire moins de bières hier soir » (tant pour le prix que pour le mal de crâne), alors que vous avez peut-être mal dormi à cause de votre voisin qui ronflait, et que le repas, même concocté avec amour et produits locaux par un gardien expert, n'est pas non plus celui d'un restaurant étoilé au Michelin. L'objectif ici est donc de tout comprendre sur le prix de votre nuitée. Evoquons d'abord deux principes :
Le prix varie en fonction de l'éloignement (un refuge de très haute altitude est plus complexe à entretenir et approvisionner) et de l'état du bâtiment (un refuge ancien au confort sommaire sera moins cher qu'un refuge récemment rénové au confort douillet !).
Dans les refuges gérés par la FFCAM, le prix de la nuitée revient à la FFCAM, tandis que celui de la restauration et des consommations annexes revient au gardien. Le gardien n'est pas un salarié de la FFCAM : c'est un travailleur indépendant avec lequel la FFCAM passe un contrat qui lui confie le bâtiment comme outil de travail.
Décomposons à présent le prix de la nuitée seule, en prenant comme exemple une nuitée à 20€ en plein tarif. Sur cette somme :
1 à 1,5€ reviennent au gardien, en compensation des frais de ménage et d'entretien du bâtiment.
6€ sont dédiés à l'entretien courant du bâtiment.
3€ sont alloués aux frais de fonctionnement de la FFCAM.
10€ sont investis dans la rénovation des refuges.
On constate donc que la majeure partie du prix de la nuitée est consacrée à la rénovation : la FFCAM investit environ 5 millions d'euros par an dans les rénovations complètes, selon un plan de rénovation précis ; Ainsi, le plan de rénovation 2017-2026 concerne 26 bâtiments pour 50 millions d'euros investis. Ces rénovations sont indispensables : en montagne, les bâtiments vieillissent plus vite du fait des contraintes qu'ils subissent.
Enfin, ne comparez pas les tarifs en refuge avec ceux pratiqués en vallée : construire et entretenir un bâtiment en altitude coûte très cher (les matériaux sont acheminés en hélicoptère, les contraintes sont plus fortes) ; il faut en effet consacrer 60 à 65 000 € par couchette pour une rénovation complète : ainsi, rénover un refuge de 40 places coûtera environ 2,5 millions d'euros ! De même, l'approvisionner engendre aussi des surcoûts et des contraintes qu'un gîte n'a pas puisqu'il décharge ses fournitures depuis le coffre de sa voiture : il n'est donc pas possible de monter des légumes frais tous les jours, et votre bière intègre le prix de son héliportage. Mais n'en est-elle pas que meilleure, surtout après l'effort de la montée ?
En conclusion, chassons de notre esprit une idée reçue : un refuge n'est absolument pas rentable si l'on intègre l'investissement pour le construire ou le rénover, et le prix que vous payez n'intègre pas l'ensemble de cette charge ! C'est un bâtiment d'intérêt général, qui rend possible la pratique des activités de montagne et permet de s'abriter en cas de détresse. La FFCAM arrive à maintenir ses refuges à la fois parce qu'elle est une association d'utilité publique (une grande partie de l'entretien des refuges est effectuée par des bénévoles !), parce qu'elle gère un grand nombre de bâtiments (ce qui permet de continuer à entretenir des bâtiments peu fréquentés), et enfin parce qu'elle perçoit des aides publiques pour son programme de rénovation, sans lesquelles il lui serait difficile de le mener à bien.