François Lombard, une vie verticale

Grimpeur surdoué de sa génération, François Lombard a culminé dans le top 10 mondial de la décennie 90'. Lâchant la compétition pour la montagne, il embrasse une carrière de guide, mais l'escalade n'est jamais loin : il a participé à de nombreux projets du GEE, avant d'en prendre les rênes en 2018.

François Lombard lors du projet 2010 du GEE à Smith Rock (Oregon) François Lombard lors du projet 2010 du GEE à Smith Rock (Oregon)

Originaire de l'Argentière-la-Bessée, François Lombard découvre l'escalade avec ses parents, tous deux montagnards, sur les falaises de la région. L'enfant est conquis, alors, ils l'inscrivent au club d'escalade de Briançon. L'environnement est propice, mais rien n'annonce encore sa percée : le jeune François grimpe encore en « dilettante ».  Les choses vont prendre une tout autre tournure après un voyage, en 1989 : « J'ai participé à un road trip axé sur la grimpe dans l'Ouest américain avec mon groupe d'escalade : le Yosemite, l'Idaho, le Nevada… mes sensations sur le rocher étaient dingues, j'ai eu un déclic : dorénavant, l'escalade sera toute ma vie ». Au passage, il se classe sur l'étape de la coupe du monde de Snowbird*, dans l'Utah.
À son retour la toute jeune équipe de France d'escalade le fait rentrer dans son giron. Il écume les circuits de compétition, décrochant plusieurs podiums dans la catégorie difficulté : vainqueur de la coupe du monde de Birmingham et deuxième place du classement général en 1991, vainqueur de la coupe du monde en 1994, deuxième des championnats d'Europe en 1996… Il remporte également la Rock Master Festival en 1995 et 1996, prestigieuse compétition d'escalade qui se tient en Italie. Il s'essaie au bloc, se classant régulièrement dans les dix premiers. « J'avais assez fait de compèt' de difficulté, je voulais tester autre chose ». Et goute même à la glace, participant aux deux premières saisons de compétitions tout juste amorcées par l'UIAA* au début des années 2000.  « C'était pour découvrir, cela m'a plu… Mais ce n'était pas équivalent à ce que j'avais pu vivre avec le rocher en termes de sensations, de plaisir pur ! »

Avant tout, l'aventure humaine

Dans Delicatessen, à Bavella en 2024. @ Arthur Delicque Dans Delicatessen, à Bavella en 2024. @ Arthur Delicque

« Quand on fait de la compétition, on est mono activité. Or j'avais envie de redécouvrir la montagne plus largement, de partir en expédition ». Le diplôme de guide lui ouvre d'autres horizons en 2005, mais l'escalade reste encore très présente dans sa vie. « Cela m'apporte toujours de fabuleuses sensations, cette alchimie entre le corps, le rocher et l'esprit, le plaisir du mouvement ». En 2011, il retrouve furtivement la compétition, les championnats de France d'escalade se déroulant dans son fief de Briançon. Il décroche le titre de champion de France Vétéran, puis détourne définitivement le regard des podiums. « J'avais déjà passé la moitié de ma vie à attendre mon tour dans les vestiaires des gymnases, c'est plus mon truc ! »
Il entre au GEE en 2010, alors dirigé par Didier Angonin, et participe à plusieurs projets aux États-Unis et à Madagascar. « C'étaient des moments incroyables, autant par la beauté des destinations et des projets de grimpe, que par la force des liens au sein de l'équipe pendant le voyage. » En 2017, Didier Angonin lui propose de prendre sa suite. Il enfile la casquette du coach 2019, après deux années de tuilage. 
Bien que l'encadrement du groupe fasse dorénavant partie de son activité professionnelle, le GEE garde pour lui un parfum particulier. « Ces équipes de grimpeurs motivés dégagent une énergie très positive. C'est toujours réjouissant de côtoyer cette ambiance ». Aujourd'hui, ses accomplissements se mesurent moins sur les parois que dans l'accompagnement des projets. « J'aime toujours grimper à fond, mais je ne suis plus le moteur, mon rôle est de soutenir les projets et de mettre en place les conditions pour que nos jeunes atteignent leurs objectifs ». Le coach est aussi le garant des aspects sécuritaires sur le terrain. « Mon expérience est aussi là pour leur apporter du recul et du pragmatisme dans l'analyse des situations. C'est une position complexe, car d'un côté, je cultive une émulation autour du projet et de l'autre, je dois parfois contenir ces jeunes et faire en sorte qu'ils ne prennent pas de risques non acceptables. » Le projet 2025 du GEE à Val di Mello est le 6e qu'il encadre.

*Notes :

Le circuit de compétition venait de se construire. La toute première coupe du monde de Snowbird avait été organisée l'année d'avant, en 1988. 
L'Union internationale des associations d'alpinisme, en charge du circuit de compétition d'escalade sur glace

 

 

 

En 2011 dans Roof Traverse (8a) au Yosemite En 2011 dans Roof Traverse (8a) au Yosemite

Dans son CV :

Dans le CV :

1991 : vainqueur de la coupe du monde de Birmingham et 2e place du classement général

1994 : vainqueur du circuit général de la coupe du monde

1995 : vainqueur de la Rock Master Festival

1996 : vainqueur de la Rock Master Festival et 2e des championnats d'Europe

2011 : champion de France Vétéran

2008 : intègre le GEE et participe au projet Madagascar

2010 : projet Smith Rock (Oregon)

2011 : projet Yosemite (Californie)

2017 : coach du GEE en binôme avec Didier Angonin

2018 : coach du GEE

 

À Smith Rock, en 2010

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À Madagascar, en 2008

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Défrichant un bloc à Madagascar

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À Smith Rock en 2010

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El Capitan, Yosemite, en 2011

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À Oukamaïden, Maroc, en 2018

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Veillant sur une cordée en haut d'une voie en Corse @Arthur Delicque

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Dans Delicatessen, à Bavella en 2024 @Arthur Delicque

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Dans Delicatessen, à Bavella en 2024 @Arthur Delicque

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Dans Storia di Amicizia, à Bavella en 2024 @Arthur Delicque

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