Passerelle vers les hauteurs






Le deuxième stage du projet Passerelle, consacré à l'alpinisme classique, au couloir de neige et au terrain montagne, s'est déroulé du 15 au 17 avril au refuge de Valmasque (Mercantour).
Le projet Passerelle est monté par le comité régional FFCAM PACA et le Lycée de la Montagne de Valdeblore (Alpes-Maritimes). Son objectif ? Permettre à des jeunes, scolarisés au lycée de la montagne en Filière Sportive Labellisée Haute Montagne, de parfaire leurs connaissances et expériences en approfondissant des thématiques qu'ils n'ont pas nécessairement le temps de voir pendant leur formation scolaire. Les contenus des stages sont discutés entre les encadrants du stage et l'enseignante référente du lycée.
Voici le récit de ces journées, auxquelles cinq jeunes du lycée (2 premières et 3 terminales – 1 filles et 4 garçons) ont participé.
La première journée est consacrée à la montée au refuge, à la mise en route du refuge non gardé et à la préparation des courses du lendemain. La montée commence sous le soleil puis rapidement la neige se met de la partie et pour les derniers mètres ce sera sous l'orage. Notre timing, notre rythme de marche et l'itinéraire choisi pour monter nous permettent d'arriver au refuge en même temps que les premiers coups de tonnerre. Pour plusieurs, c'est leur première nuit en refuge non gardé, cela signifie, mettre le refuge en chauffe (donc couper du bois et allumer le feu) et se procurer de l'eau (pour 7 compter une grosse vingtaine de litres). Le refuge dispose de récipients et par chance l'eau coule sous le barrage, on n'aura pas à faire fondre la neige. S'en suivent des discussions sur le choix des courses pour le lendemain en espérant que la météo ait dit vrai et qu'il s'arrête de neiger dans la nuit. Après avoir étudier les différentes possibilités, le choix se porte sur les couloirs E et O de la cime Chamineye. Les cordées sont faites, le matériel est réparti et après une bonne séance de réhydratation et un bon repas (vive la graine de couscous), tout le monde file se mettre au lit, alors que le ciel commence à se découvrir.
Au petit matin, une vingtaine de cm de neige recouvre tout. Le paysage est splendide mais le brassage s'annonce sérieux. Les deux équipes se séparent au bout du Lac Vert. Pendant la suite de l'approche, il sera question de choix, chausse-t-on les crampons maintenant ? S'encorde-t-on ici ? Au bruit et à la texture, que dit la neige ? Comment le soleil va-t-il réchauffer les vires et pentes qui dominent le couloir, est-ce dangereux ? Quels sont les risques objectifs ? A quelle longueur s'encorde-t-on, pourquoi ? Faut-il changer de longueur d'encordement, pourquoi ? Bref au fil de la journée on passe en revue tout ce qui fait la richesse et la difficulté de la progression en terrain varié en alpinisme.
Antoine accompagnera Antoine et Liv dans le couloir E, alors que Philippe sera encordé avec Arthur suivi de prêt par Lucas et Martin dans le couloir O. Les jeunes sont à la trace, même si l'itinéraire est évident (on est dans un couloir) choisir de monter droit ou de faire des virages, n'est pas si simple, il faut louvoyer avec les conditions et trouver le meilleur rapport efficacité/fatigue. On se retrouve juste après le sommet où, au regard des conditions, on décide de poser un rappel dans une pente bien raide. On reprend notre progression sur le fil de l'arête en direction de la cime Luisière. Là encore rien de difficile techniquement mais des adaptations à faire sans cesse avec la longueur d'encordement. Tout cela est très formateur. On finira dans les temps que nous nous étions fixé au pas de la Fous avant de redescendre directement sur le refuge par les lacs gelés.
Pour 15h30, on est de retour au refuge et il faut recommencer notre petit rituel du bois et de l'eau. On profite de ce temps de récupération pour évoquer la journée du lendemain qui doit nous permettre de regagner le parking en passant par le Sainte Marie. Plusieurs options sont discutées, chacun expliquant pourquoi ça lui semble une bonne ou une mauvaise option, chacun donnant ses impératifs. Finalement il ne nous faudra pas trop de temps pour nous décider, une cordée de 3 ira dans "C'est le pied" et deux cordées de 2 iront dans "Goulotte surprise".
La vie au refuge suit son cours et après avoir bien mangé tout le monde file au lit de bonne heure. Vers 20h30, on entend le bourdonnement caractéristique du Dragon. Ne rêvons nous pas ? Que vient-il faire ici, à cette heure ? Antoine, Liv et Philippe sortent voir de quoi il retourne et voient Dragon 06 se poser sur la DZ du refuge. Un secouriste sort de la machine et vient voir Antoine (lui aussi secouriste), ils discutent 30 secondes et Antoine saute dans l'hélicoptère, Pierre (le secouriste) restant sur la DZ. On apprend alors qu'Antoine doit urgemment faire des examens médicaux complémentaires suite à des résultats d'analyse ayant incité sa compagne à prévenir les secours. On se retrouve sans guide mais avec un secouriste. Il faut rebattre les cartes pour le lendemain et nous décidons que nous rentrerons sans faire la course prévue. Il faut aussi gérer toute la logistique liée au transport des jeunes (C'est Antoine qui devait les redescendre sur Nice). Après avoir quitté le refuge pour 8h, on entend Dragon venir récupérer Pierre et les affaire d'Antoine pour 9h, nous arrivons au parking pour 9h30, le temps de récupérer quelques affaires laissées dans la voiture d'Antoine, de charger tout le monde dans la voiture de Philippe et c'est le retour à Tende pour prendre le train. C'était sans compter sur un éboulement sur la voie ferrée au niveau de l'Escarène. Philippe devra prendre sa voiture et récupérer les jeunes en gare de Breil pour les redescendre à Nice.